Maurice Allais a raison, il faut interdire ces excès...
Bonjour à tous
La chute pendant quelques minutes de 9.2 % de l'indice Dow Jones à la bourse de New-York hier serait due à la faute de frappe d'un Jérome Kerviel US... Nous prendrait-on par hasard pour de naïfs et crédules spectateurs ?
La SEC (Securities and Exchange Commission) et la CFTC (Commodity Futures Trading Commission), organismes américains de régulation des marchés (boursier et produits dérivés), évoquent une piste plus sérieuse, à savoir "un engrenage lié aux outils informatiques [des banques et des fonds d'investissement] connus sous le nom de spéculation à haute fréquence (High Frequency Trading)" :
"Vers 14 h 45 locales (20 h 45 à Paris), le Dow Jones, qui perdait déjà 200 points environ, a subitement dégringolé de 998,50 points. Du jamais-vu à Wall Street. Il s'est ensuite repris pour finir en recul de 347,80 points (-3,20 %). Certaines actions ont connu des mouvements extraordinaires : le groupe diversifié 3M a perdu jusqu'à 15 %, le groupe de produits de consommation Procter & Gamble 24 %, tandis que le titre du groupe de services informatiques Accenture est passé brièvement de 40 dollars à un niveau proche de zéro.
La Bourse électronique Nasdaq a annoncé tard jeudi soir l'annulation des transactions résultant en un changement de plus de 60 % du prix de certaines actions lors des vingt folles minutes qu'a vécu Wall Street entre 14 h 40 et 15 heures. Elle a assuré ne disposer d'"aucune indication" d'un éventuel problème technique ou d'une erreur humaine, comme avancé dans un premier temps par les analystes et médias financiers.
Aussitôt après la séance, les chaînes financières américaines avaient montré du doigt la banque Citigroup, affirmant qu'un courtier avait commis des erreurs lors de transactions. Selon la chaîne CNBC, citant plusieurs sources anonymes, un trader de l'établissement aurait tapé par erreur un "b" pour milliards (billion) au lieu d'un "m" pour millions en passant un ordre sur des actions Procter & Gamble, une valeur phare de l'indice Dow Jones. "A l'heure actuelle, nous n'avons aucune preuve que Citi ait été impliquée dans une transaction erronée", a assuré la banque américaine. Une prudence relayée par les experts qui parient plutôt sur un engrenage lié aux outils informatiques connus sous le nom de "spéculation à haute fréquence", pour lesquels la chute entraîne la chute jusqu'à ce qu'une normalisation humaine intervienne.
Vu la panique qui s'est emparée du marché, le New York Stock Exchange (NYSE) a décidé de suspendre la cotation de certains titres pendant des périodes allant de 30 à 90 secondes. Pendant ce temps, les ordinateurs des maisons de courtage programmés pour spéculer sur ces titres ont cherché à vendre ces titres à tout prix, entraînant d'importants mouvements. "Nous avons un marché qui réagit en millisecondes, mais les humains qui le contrôlent mettent, eux, plusieurs minutes à réagir et, malheureusement, des milliards de dollars de dommages peuvent être causés pendant ce laps de temps", explique le professeur de finances James Angel au New York Times.
Selon le Wall Street Journal, plusieurs maisons de courtage utilisant des techniques de spéculation à grande vitesse, à l'aide d'outils informatiques complexes, ont décidé de limiter la casse en arrêtant leurs programmes quand le marché s'est mis à paniquer. Ce serait le cas par exemple de Tradebot Systems, qui représente jusqu'à 5 % du volume d'échange aux Etats-Unis, selon le quotidien financier américain. La faiblesse du volume d'échanges résultant aurait amplifié les mouvements du marché."
Et vous ? Alors que la Grèce est en crise, que les bourses s'effondrent et que l'euro chute, qu'en pensez-vous ? Encore un coup d'Al Qaïda ? La mafia russe ? Les chinois ? Des hackers ? Une erreur informatique ? Une nouvelle forme de terrorisme moderne et redoutablement efficace ? Ou tout simplement la revanche des ordinateurs qui peuvent aujourd'hui ruiner une économie, un système ou un pays en une milliseconde ?
http://www.dogfinance.com/fr/article/oubliez-les-pea-ringards-place-trading-haute-frequence/232/1/
http://tontondaniel.over-blog.com/article-23485509.html
Tonton Daniel
A l'occasion de l'arrestation par le FBI américain d'un ancien trader de la Société Générale, accusé d'avoir volé les codes utilisés par les équipes de « trading haute fréquence » de la banque à New York, le grand public a découvert une nouvelle méthode pour gagner de l'argent.
C'est quoi le « trading haute fréquence » ?
Le High Frequency Trading (traduisez « trading haute fréquence »), notamment utilisé par les grandes banques et les hedge funds, repose sur l'utilisation d'ordinateurs très rapides du même type que ceux qui font fonctionner les places financières comme NYSE Euronext. Ces ordinateurs scannent des dizaines de places financières en même temps et transmettent des millions d'ordres en quelques secondes, les ordres flash. Grâce à cette technique, les traders peuvent repérer les changements de tendances avant les autres investisseurs, et les ordinateurs changent leurs ordres et leurs stratégies en l'espace d'une milliseconde.
Ces logiciels jaugent le marché en émettant et annulant aussitôt des millions d'ordres jusqu'à ce qu'ils décèlent le prix maximum accepté par la majorité des investisseurs. Une fois ce seuil atteint, les ordinateurs commencent à vendre en masse des centaines de milliers de titres, retournant la tendance. Cette technique désavantage les investisseurs particuliers, plus lents.
Bien que ce type de trading électronique existe depuis de nombreuses années et emploie de nombreux ingénieurs que ça soit dans le domaine de la finance et des mathématiques pures ou de l'informatique au sens large, l'actualité récente l'a mis sous le feu des projecteurs.
On peut résumer (et simplifier) le trading haute fréquence comme de l'animation de marché (market making) à marche forcée. Ses défenseurs soulignent d'une part qu'il apporte un surplus de liquidités que les marchés apprécient et rémunèrent, et d'autre part qu'il rend le marché un peu plus efficient en éliminant de plus en plus les possibilités d'arbitrage. Au contraire, ses détracteurs jugent qu'il fausse l'équité entre les opérateurs. Les traders classiques feraient face à une concurrence déloyale. Ceux ayant une meilleur connexion et un meilleur accès au marché étant privilégié (à savoir les automates de trading hautes fréquences). D'après ces personnes, l'avantage serait donné à la spéculation plutôt qu'à l'investissement…
Parmi les opposants au trading haute fréquence on trouve le sénateur américain, membre du parti démocrate, Charles Schumer. Il préside le Comité des lois et de l'administration du Sénat et a demandé fin 2009 à la SEC (le « gendarme » de la bourse américaine) d'interdire les ordres flash (« flash orders »), car, selon lui, ils désavantagent les petits investisseurs et remettent en cause l'intégrité des marchés. Charles Schumer n'a, malheureusement, toujours pas été entendu…
Pour ce qui est des petits investisseurs, il est clair que cette pratique constitue un désavantage. Les utilisateurs de ces ordres reçoivent les cotations quelques millisecondes avant le reste des opérateurs financiers ce qui leurs permet de jauger le marché et donc de se positionner dans le bon sens et d'ajuster le prix de leurs ordres. Les autres investisseurs paie donc un prix plus élevé pour acheter le même actif financier.
Trading haute fréquence et affaires
Avant l'affaire du trader de la Société Générale (dont nous parlerons plus bas), il y a eu une autre affaire qui a fait beaucoup de bruit en juillet 2009.
Le scandale Serge Aleynikov
Cette affaire porte de non d'un ex-trader de la banque américaine Goldman Sachs.
On pourrait lui donner comme titre : Aleynikov ou comment un informaticien (mathématicien) de génie a développé un programme de trading haute fréquence qui a fait gagner beaucoup d'argent à sa banque et a ensuite gardé les codes dans sa poche pour trouver un nouvel emploi avec un salaire beaucoup plus important que le précédent (qui était déjà astronomique…).
Il était programmateur informatique et avait travaillé pour la banque d'investissement entre 2007 et 2009. Il a été accusé d'avoir téléchargé, le dernier jour de son contrat, « des centaines de milliers de lignes de codes du système de trading haute fréquence de Goldman », avant d'être arrêté.
En bref, c'est une histoire de vol de propriété intellectuelle presque banale si ce n'est qu'elle a mis sous le feu des projecteur le fait que les banques pouvaient encore faire de l'argent en ces temps de crise, ce qui gêne évidemment l'opinion publique. Argent étant synonyme de spéculation et qui en était l'initiateur: le trading haute fréquence.
Une nouvelle affaire pour la Société Générale
Agé de 26 ans, l'Indien Samarth Agrawal est accusé d'avoir copié, en juin, une partie des codes auquel il avait l'accès, et une partie qu'il n'était pas autorisé à utiliser. Selon la plainte, un agent du FBI a analysé les appels passés et reçus par le trader sur son téléphone portable entre le 16 mars et le 7 avril, révélant que ce dernier aurait passé ou reçu 115 appels de 6 grands établissements financiers. Le trader aurait « sans en avoir l'autorisation, copié, imprimé et retiré du système informatique (...) le code de l'activité de trading haute fréquence de l'établissement, avec l'intention de l'utiliser pour son propre bénéfice et celui d'autres », selon le rapport de l'agent du FBI. « Alors qu'il a fallu des années à son employeur pour développer ces systèmes informatiques sophistiqués, seulement quelques jours ont été nécessaires à Samarth Agrawal pour les voler », a affirmé le procureur.
Samarth Agrawal a quitté la Société Générale en novembre. Il y était entré comme analyste quantitatif dans le département de trading haute fréquence en mars 2007 et avait été promu trader en avril 2009, avant de démissionner. La banque avait alors essayé de le retenir, tandis qu'il souhaitait retourner en Inde et créer sa propre société de trading haute fréquence. Lundi, il a été placé en détention en attendant une audience, concernant son statut vis-à-vis des services d'immigration.
La Société Générale a indiqué coopérer avec les autorités américaines dans ce dossier. « La Société Générale a mené une enquête interne et a découvert le détournement apparent de données informatiques confidentielles utilisées par la banque dans ses opérations de trading haute fréquence pour compte-propre à New York (...), a -t-elle indiqué dans un communiqué. L'incident n'a eu aucun impact sur les informations concernant les clients ou les fonds ». L'avocat du trader n'a pas fait de commentaires.
Conséquences des affaires
Ces deux affaires devraient renforcer les craintes des employeurs à l'égard de l'intégrité de leurs troupes. En effet, victimes de leur succès, les professionnels du trading haute fréquence font désormais l'objet de toutes les attentions. Pour Tania Petersen du cabinet de chasse CT Partners à Paris, la problématique relève quasiment de l'espionnage industriel. « Il s'agit ici du compte propre de la banque et d'une activité très rentable. Il y a donc une énorme exigence en matière de confidentialité. On exclut les personnes trop bavardes, trop curieuses ou trop gourmandes », résume-t-elle.
Les mobilités se font d'ailleurs souvent en interne. Une décision qui n'est pas prise à la légère. « Il arrive qu'une banque chez qui l'on a placé un trader, par exemple, nous demande discrètement de nouvelles références avant de la promouvoir vers l'activité haute fréquence », témoigne Tania Petersen. Le chasseur reprend alors contacte avec les précédents employeurs pour obtenir des précisions du type : y-a-t-il eu de fortes disparités dans son track-record ? Quelles étaient ses relations avec les personnes du risque ? Communiquait-il facilement avec ses collègues et le contrôle ?
Parallèlement, les clauses de non-concurrence appliquées dans cette activité figurent parmi les plus strictes du secteur. Cela se traduit souvent par l'interdiction de travailler dans une activité similaire pendant un an à la rupture du contrat. Les professionnels sont généralement compensés à hauteur de 40% de leur fixe pendant ce laps de temps.
La pression est forte pour les banques, qui voient souvent leurs professionnels approchés par des hedge funds leur proposant jusqu'à trois fois leur salaire, à l'image de Serge Aleynikov l'an passé.
A Paris, les salaires en banque des quants (analystes quantitatifs) et développeurs des équipes de trading tournent autour des 40 000€ pour les juniors. Ils peuvent aller jusqu'à 80 000€ ou 100 000€ pour les plus expérimentés, alors que dans les hedges funds, il n'y a pas de plafond.
En conclusion, on peut dire que la méthode de trading haute fréquence crée une distorsion de l'information et est, en cela, très négative. De plus, le fait qu'un ordinateur décide presque tout seul des actions, rend ce type d'opérations très dangereux et il est important de placer des garde-fous. Enfin, s'il ne faut pas forcément supprimer le trading haute fréquence, il est primordial de le réguler et surtout d'encadrer les opérateurs pour ne plus revoir d'autres affaires de vol comme en ont connues Goldman Sachs et la Société Générale.
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