A much anticipated and timely encyclical. How to implement it ?

samedi 3 avril 2010

Les faits donnent raison à M. Allais.

... interdire aux banques de créer de la monnaie ( ex nihilo, du néant, gratuite et même très rentable pour eux mais ruineuse pour nous tous, sic, NdE ),

...dire que cette monnaie bancaire est de la "fausse monnaie",

...empêcher les banques de prêter à plus long terme que leurs fonds…

...si les gens lisaient vraiment ce qu'à écrit Allais, ils seraient stupéfaits !

Allais n'est pas un expert, mais un grand économiste… »

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Le Prix Nobel iconoclaste et bâillonné

La « Lettre aux Français » que le seul et unique prix Nobel d'économie français a rédigée pour Marianne aura-t-elle plus d'écho que ses précédentes interventions ? Il annonce que le chômage va continuer à croître en Europe, aux États-Unis et dans le monde développé. Il dénonce la myopie de la plupart des responsables économiques et politiques sur la crise financière et bancaire qui n'est, selon lui, que le symptôme spectaculaire d'une crise économique plus profonde : la déréglementation de la concurrence sur le marché mondial de la main-d'œuvre. Depuis deux décennies, cet économiste libéral n'a cessé d'alerter les décideurs, et la grande crise, il l'avait clairement annoncée il y a plus de dix ans.


Éternel casse-pieds

Mais qui connaît Maurice Allais, à part ceux qui ont tout fait pour le faire taire ? On savait que la pensée unique n'avait jamais été aussi hégémonique qu'en économie, la gauche elle-même ayant fini par céder à la vulgate néolibérale. On savait le sort qu'elle réserve à ceux qui ne pensent pas en troupeau. Mais, avec le cas Allais, on mesure la capacité d'étouffement d'une élite habitée par cette idéologie, au point d'ostraciser un prix Nobel devenu maudit parce qu'il a toujours été plus soucieux des faits que des cases où il faut savoir se blottir.

« La réalité que l'on peut constater a toujours primé pour moi. Mon existence a été dominée par le désir de comprendre ce qui se passe, en économie comme en physique ». Car Maurice Allais est un physicien venu à l'économie à la vue des effets inouïs de la crise de 1929. Dès sa sortie de Polytechnique, en 1933, il part aux États-Unis. « C'était la misère sociale, mais aussi intellectuelle : personne ne comprenait ce qui était arrivé. » Misère à laquelle est sensible le jeune Allais, qui avait réussi à en sortir grâce à une institutrice qui le poussa aux études : fils d'une vendeuse veuve de guerre, il a, toute sa jeunesse, installé chaque soir un lit pliant pour dormir dans un couloir. Ce voyage américain le décide à se consacrer à l'économie, sans jamais abandonner une carrière parallèle de physicien reconnu pour ses travaux sur la gravitation. Il devient le chef de file de la recherche française en économétrie, spécialiste de l'analyse des marchés, de la dynamique monétaire et du risque financier. Il rédige, pendant la guerre, une théorie de l'économie pure qu'il ne publiera que quarante ans plus lard et qui lui vaudra le prix Nobel d'économie en 1988. Mais les journalistes japonais sont plus nombreux que leurs homologues français à la remise du prix : il est déjà considéré comme un vieux libéral ringardisé par la mode néolibérale.

Car, s'il croit à l'efficacité du marché, c'est à condition de le « corriger par une redistribution sociale des revenus illégitimes ». Il a refusé de faire partie du club des libéraux fondé par Friedrich von Hayek et Milton Friedman : ils accordaient, selon lui, trop d'importance au droit de propriété… « Toute ma vie d'économiste, j'ai vérifié la justesse de Lacordaire : entre le fort et le faible, c'est la liberté qui opprime et la règle qui libère », précise Maurice Allais, dont Raymond Aron avait bien résumé la position : « Convaincre des socialistes que le vrai libéral ne désire pas moins qu'eux la justice sociale, et des libéraux que l'efficacité de l'économie de marché ne suffit plus à garantir une répartition acceptable des revenus. » Il ne convaincra ni les uns ni les autres, se disant « libéral et socialiste ».

Éternel casse-pieds inclassable. Il aura démontré la faillite économique soviétique en décryptant le trucage de ses statistiques. Favorable à l'indépendance de l'Algérie, il se mobilise en faveur des harkis au point de risquer l'internement administratif. Privé de la chaire d'économie de Polytechnique car trop dirigiste, « je n'ai jamais été invité à l'ENA, j'ai affronté des haines incroyables ! » Après son Nobel, il continue en dénonçant « la chienlit laisser-fairiste » du néolibéralisme triomphant. Seul moyen d'expression : ses chroniques touffues publiées dans le Figaro, où le protège Alain Peyrefitte. À la mort de ce dernier, en 1999, il est congédié comme un malpropre.

Il vient de publier une tribune alarmiste dénonçant une finance de « casino» : « L'économie mondiale tout entière repose aujourd'hui sur de gigantesques pyramides de dettes, prenant appui les unes sur les autres dans un équilibre fragile, jamais dans le passé une pareille accumulation de promesses de payer ne s'était constatée. Jamais, sans doute, il est devenu plus difficile d'y faire face, jamais, sans doute, une telle instabilité potentielle n'était apparue avec une telle menace d'un effondrement général. »

Propos développés l'année suivante dans un petit ouvrage très lisible* qui annonce l'effondrement financier dix ans à l'avance.

Ses recommandations en faveur d'un protectionnisme européen, reprises par Chevènement et Le Pen, lui valurent d'être assimilé au diable par les gazettes bien-pensantes. En 2005, lors de la campagne sur le référendum européen, le prix Nobel veut publier une tribune expliquant comment Bruxelles, reniant le marché commun en abandonnant la préférence communautaire, a brisé sa croissance économique et détruit ses emplois, livrant l'Europe au dépeçage industriel : elle est refusée partout, seule l'Humanité accepte de la publier…

Aujourd'hui, à 98 ans, le vieux savant pensait que sa clairvoyance serait au moins reconnue. Non, silence total, à la notable exception du bel hommage que lui a rendu Pierre-Antoine Delhommais dans le Monde. Les autres continuent de tourner en rond, enfermés dans leur « cercle de la raison » •

Éric Conan

* La Crise mondiale aujourd'hui, éditions Clément Juglar, 1999.

Source : Marianne, n°659, décembre 2009.

La crise se cherche ses prophètes. Les économistes qui, au milieu de l'aveuglement général, avaient prédit le pire, c'est-à-dire la réalité économique et financière actuelle. La presse américaine loue la clairvoyance des universitaires Nouriel Roubini (New York) et Robert Shiller (Yale). Bien avant eux, un économiste français avait prédit l'apocalypse. Maurice Allais. Pour preuve, ces extraits d'une longue tribune que le Prix Nobel avait publiée dans Le Figaro, en octobre 1998, en pleine crise financière asiatique, et qui fut reprise, un an plus tard, dans son ouvrage La Crise mondiale d'aujourd'hui (Editions Clément Juglar, 240 pages).

Maurice Allais, prophète maudit, par Pierre-Antoine Delhommais

LE MONDE | 24.01.09 | 13h56 

 

La crise se cherche ses prophètes. Les économistes qui, au milieu de l'aveuglement général, avaient prédit le pire, c'est-à-dire la réalité économique et financière actuelle. La presse américaine loue la clairvoyance des universitaires Nouriel Roubini (New York) et Robert Shiller (Yale).

 

Bien avant eux, un économiste français avait prédit l'apocalypse. Maurice Allais. Pour preuve, ces extraits d'une longue tribune que le Prix Nobel avait publiée dans Le Figaro, en octobre 1998, en pleine crise financière asiatique, et qui fut reprise, un an plus tard, dans son ouvrage La Crise mondiale d'aujourd'hui (Editions Clément Juglar, 240 pages).

 

"De profondes similitudes apparaissent entre la crise mondiale d'aujourd'hui et la Grande Dépression de 1929-1934 : la création et la destruction de moyens de paiement par le système du crédit, le financement d'investissements à long terme avec des fonds empruntés à court terme, le développement d'un endettement gigantesque, une spéculation massive sur les actions et les monnaies, un système financier et monétaire fondamentalement instable (...).

 

Ce qui est éminemment dangereux, c'est l'amplification des déséquilibres par le mécanisme du crédit et l'instabilité du système financier et monétaire tout entier, sur le double plan national et international, qu'il suscite. Cette instabilité a été considérablement aggravée par la totale libération des mouvements de capitaux dans la plus grande partie du monde.

 

(...) Depuis 1974, une spéculation massive s'est développée à l'échelle mondiale. A New York, et depuis 1983, se sont développés à un rythme exponentiel de gigantesques marchés sur les "stock-index futures", les "stock-index options", les "options on stock-index futures", puis les "hedge funds" et tous "les produits dérivés" présentés comme des panacées (...).

 

Qu'il s'agisse de la spéculation sur les monnaies ou de la spéculation sur les actions, ou de la spéculation sur les produits dérivés, le monde est devenu un vaste casino où les tables de jeu sont réparties sur toutes les longitudes et toutes les latitudes. Le jeu et les enchères, auxquelles participent des millions de joueurs, ne s'arrêtent jamais. Aux cotations américaines se succèdent les cotations à Tokyo et à Hongkong, puis à Londres, Francfort et Paris. Sur toutes les places, cette spéculation, frénétique et fébrile, est permise, alimentée et amplifiée par le crédit. Jamais dans le passé elle n'avait atteint une telle ampleur (...).

 

L'économie mondiale tout entière repose aujourd'hui sur de gigantesques pyramides de dettes, prenant appui les unes sur les autres dans un équilibre fragile. Jamais dans le passé une pareille accumulation de promesses de payer ne s'était constatée. Jamais sans doute il n'est devenu plus difficile d'y faire face. Jamais sans doute une telle instabilité potentielle n'était apparue avec une telle menace d'un effondrement général." Sans commentaire.

 

Ou plutôt si, quelques commentaires, de l'auteur lui-même. Joint au téléphone, Maurice Allais, qui fêtera ses 98 ans le 31 mai, se tient toujours autant au fait de l'actualité mondiale - il a suivi à la télévision la cérémonie d'investiture de Barack Obama, à qui il trouve "d'extraordinaires capacités".

 

Toujours prêt à débattre, toujours prêt à combattre les "fausses vérités, non vérifiées par les faits". "Ce qui se passe aujourd'hui est une répétition à quelques variantes près de ce qui s'est passé en 1929." En moins grave, aussi grave, plus grave ? "Il faut voir." Sa principale crainte ? Que les hommes politiques ne prennent pas suffisamment conscience de la gravité de la situation : "Parce qu'eux-mêmes n'ont pas connu personnellement la misère. Même le petit facteur. Moi, si".

 

La crise de 1929, Maurice Allais la connaît par cœur. C'est elle qui a décidé de sa vocation d'économiste. Quand il sort major de Polytechnique, il se destine à une carrière de physicien. Mais un voyage aux Etats-Unis, en 1933, alors au creux de la Grande Dépression, lui fait prendre un autre chemin. "C'était un spectacle incroyable, les gens en étaient réduits à la mendicité, explique-t-il. C'était un phénomène profondément étonnant auquel aucune explication satisfaisante n'était donnée."

 

C'est à la suite de ce choc qu'il choisit de consacrer toute son énergie et son intelligence à tenter de résoudre "le problème fondamental de toute économie : promouvoir une efficacité économique aussi grande que possible tout en assurant une répartition des revenus qui soit communément acceptable". Maximiser la croissance en minimisant les inégalités. En 1943, il publie un ouvrage de mille pages, A la recherche d'une discipline économique, rédigé en trente mois, qui lui vaudra, quarante-cinq ans plus tard, le prix Nobel.

 

Le fait que la crise financière actuelle fasse éclater les clivages idéologiques n'est pas forcément pour lui déplaire, lui qui se proclame "libéral socialiste." "Ce qui m'a valu beaucoup d'ennemis", confie-t-il, dans un pays où l'on aime tant étiqueter. Rejeté par les socialistes pour sa défense à tous crins du marché, repoussé par les libéraux pour ses prises de position contre "la doctrine laisser-fairiste mondialiste". Condamné par les partisans de l'Union monétaire européenne, lui le fédéraliste.

 

Maurice Allais, économiste maudit. Dont il était même devenu de bon ton, dans les années 1990, de moquer les longues analyses. Des propos de vieil homme aigri, expliquaient les économistes distingués, incapable de comprendre la modernité de l'économie mondiale. Ils avaient tort de le moquer. A tout point de vue.

 

 

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Courriel :  delhommais@lemonde.fr

 

 

Pierre-Antoine Delhommais

Christian Gomez:

100% money selon M. Allais

Cet article est un résumé, préparé par A-J Holbecq, d'un article plus complet en téléchargement pdf de Christian Gomez auquel vous pouvez vous référer pour avoir plus de détails. Il est publié avec l'accord de l'auteur.

L'article complet est intitulé : Une « vieille » idée peut-elle sauver l'économie mondiale ?
Un réexamen de la proposition d'une réforme radicale du système bancaire : L'imposition d'un coefficient de réserves de 100%
et a été présenté lors du colloque « LA CRISE : TROIS ANS APRÈS QUELS ENSEIGNEMENTS ? »

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Les banques doivent-elles disposer du pouvoir de créer de la monnaie ?  Non, car une telle possibilité que permet un système bancaire à couverture fractionnaire, induit l'instabilité économique et financière, une mauvaise allocation des ressources et des distorsions injustifiées dans la répartition des revenus…

Le principe actuellement en vigueur est nommé « système de crédit à couverture fractionnaire » est le vice fondamental de nos systèmes bancaires :  la création monétaire qui lui est liée permet aux banques de faire du crédit en promettant de payer à vue des sommes  pour lesquelles elles n'ont en réserve qu'une fraction de ces exigibilités, en jouant sur « la loi des grands nombres » et les compensations entre les entrées et les sorties de fonds.

Ce mécanisme du crédit bancaire considéré comme frauduleux a été critiqué pour

(1)son caractère structurellement instable, puisque des actifs non liquides sont financés par des dépôts à vue volatiles par essence, d'où les crises financières à répétition,

(2)son extraordinaire capacité à amplifier les mouvements économiques, prix et activité, à la hausse et à la baisse ;

(3)les déformations qu'il engendre dans la structure des taux d'intérêt et dans l'appareil de production,

(4)les distorsions qu'il induit dans la répartition des revenus puisque, par le pouvoir d'achat qu'il crée « ex nihilo », il permet à ceux qui en bénéficient de « prendre sans offrir », détruisant ainsi les équilibres

Les plus grands économistes ont proposé de nouveaux systèmes pour le réformer en cherchant à dissocier la création de monnaie et la  distribution du crédit, afin que l'investissement s'ajuste au mieux à l'épargne et que soit ainsi mis fin à l'instabilité chronique des économies. La plupart d'entre eux sont fondés sur un principe :  la monnaie en circulation doit être couverte à 100% soit par des espèces métalliques [Ricardo (1820), « Currency School » (1844), Walras (1892), Von Mises (1928), Hayek… Rothbard (1962), de Soto (1998)], soit par de la monnaie de base (« groupe de Chicago » (1933), Currie (1932,1934), Fisher (1935), Friedman (1959), Allais (depuis 1947, 1977), le privilège de la création monétaire étant récupéré dans ce cas là par l'Etat.

Le 100% money permettrait de réguler les économies plus efficacement qu'à présent, d'améliorer leur productivité, de donner une solution aux problèmes budgétaires et de dette publique. Elle pourrait être la base d'une refondation d'un nouveau capitalisme. Le « 100% Money », impose aux banques un taux de réserve de 100% sur les dépôts à vue et assimilés.

I – Dissocier la monnaie du credit : l'approche du « 100% money »

But : obtenir une couverture intégrale par de la monnaie de base (monnaie de banque centrale) des dépôts considérés comme des disponibilités monétaires par les agents économiques (les dépôts à vue et assimilés).

  1. A. mise en œuvre

1 – Séparation des banques en 3 types distincts selon les fonctions assurées

- Gestion des moyens de paiement par les banques de dépôts
- Financement par les banques de prêts
- Banques d'affaires

Tout rapprochement des 3 fonctions serait interdit

2 – Couverture à 100% des dépôts à vue par de la monnaie de base dans les banques de dépôts avec le soutien de la Banque Centrale

Les dépôts à vue dans les banques de dépôts devront être couverts à 100% par de la monnaie de base. La banque Centrale émettra autant de monnaie de base que nécessaire sous une forme à déterminer (achat d'actifs, prêt, don)

3 – Le rôle des banques de prêts sera limitée à la seule intermédiation financière
Dans leurs opérations de crédit, les banques devraient trouver des ressources à terme pour les financer

Celles-ci pourraient être levées sous deux formes :

(1) les dépôts à terme d'épargne

(2) des instruments négociables émis  par les banques (du type certificats de dépôts).

Par rapport à la situation d'aujourd'hui, deux points sont à souligner.

(1) D'une part, les ressources à temps des Intermédiaires Financiers ne devraient pas être confondues avec de la monnaie et se différencieraient des caractéristiques de celles d'aujourd'hui soit par une liquidité moindre (Dépôts à terme), soit par des prix de sortie avant l'échéance plus aléatoires (« Debentures »).

(2) La transformation financière doit être interdite

4. La rémunération des services monétaires fournis par les banques de dépôts

Les banques de dépôts n'ayant plus les bénéfices de la création monétaire pour se rémunérer,  les services monétaires seront payants. Les soldes de DAV ne doivent pas être considérées comme une épargne, même temporaire. Elles ont à être traitées comme un « stock-outil » utilisé par les agents économiques pour harmoniser leurs flux d'entrée et de sortie de fonds dans le temps. Elles n'ont aucun besoin d'être rémunérées.

  1. B. Conséquences et Avantages du « 100% Money »

L'application d'une telle réforme permettrait d'atteindre trois grands groupes d'objectifs.

1. Une capacité de régulation économique sensiblement accrue par une maîtrise totale de la masse monétaire.

La quantité de monnaie en circulation deviendrait une variable totalement sous le contrôle de l'Institut d'Emission (Banque Centrale) sans que le comportement des banques (plus ou moins grande volonté de prêter) ou des agents économiques (plus ou moins grande volonté d'emprunter) puisse influer sur elle. Une telle situation présenterait deux avantages évidents

- La  monnaie pourrait être dirigée selon une règle définie a priori

Cela pourrait être la stabilité des prix (Fisher) ou un taux «objectif » de hausse des prix permettant les ajustements «en douceur » de l'économie aux différentiels intersectoriels de productivité (Allais, avec un taux suggéré de 2% s'ajoutant au 2.5% de la croissance en termes réels).

- La monnaie deviendrait de ce fait inélastique aux « humeurs » des agents économiques

La disparition du crédit bancaire « pur », avec la création de monnaie ex nihilo qui lui est liée,  ferait que la quantité de monnaie en circulation, elle, ne pourrait plus varier sans décision de la Banque Centrale. Tout emportement à la hausse ou à la baisse trouverait donc immédiatement sa traduction sur le marché des fonds prêtables par des variations de taux d'intérêt qui le freineraient progressivement. L'ampleur du « Boom » immobilier de la dernière décennie serait quasiment inconcevable dans un système de ce type.

2. Une efficacité accrue de l'économie par le rôle nouveau des taux d'intérêt, une meilleure prise en compte du prix des services et, pour Allais, l'interdiction de la transformation financière.

Aux avantages concernant la régulation économique s'ajouteraient tous les facteurs qui plaident pour une meilleure efficacité de l'économie sous le nouveau régime.

* Des taux d'intérêt véritablement représentatifs des préférences des agents économiques

les taux d'intérêt ne deviendraient sensibles qu'à l'offre et la demande de fonds prêtables (investissement et épargne) dans une économie qui deviendrait monétairement neutre.  Seuls les investissements rentables pour des taux d'intérêt véritablement représentatifs seraient sélectionnés et, donc, les risques d'un mauvais « aiguillage » de l'épargne seraient minimisés.

* Le paiement du prix des services monétaires

cette mesure aurait un objectif utilitaire, équilibrer le compte d'exploitation des banques de dépôts et éviter le gaspillage de ressources.

* L'interdiction de la transformation financière

Pour une échéance donnée, le taux d'intérêt doit égaliser la demande et l'offre d'épargne.

3. La fin des distorsions dans la répartition des revenus

Toute création monétaire ex nihilo donne un droit sur la production qui n'a pas été acquis par un produit ou un service vendu. Elle est par nature un « faux droit », un revenu non gagné, comme le soutiennent Allais et Rothbard, dont la substance s'assimile aux gains qu'obtiendraient de faux monnayeurs qui achèteraient sur un marché avec la fausse monnaie fabriquée ou prêteraient celle-ci contre intérêt.

4  la récupération des gains de la création monétaire par l'Etat.


La récupération des gains de la création monétaire grâce à cette réforme se ferait à travers

(1) de l'affectation de la création monétaire aux ressources de l'Etat, comme une recette budgétaire

(2) de la neutralisation de la dette publique dans le cadre du remboursement du prêt de la Banque Centrale aux Banques

II.  Un réexamen du modele Fisher-Allais

A.        Le contexte actuel et la mise en œuvre du projet

C'est en fait seulement la nécessaire distinction à opérer entre la monnaie et l'épargne qui impliquerait une adaptation du comportement des agents économiques, dans la mesure où elle contrecarrerait la dérive que nous avons connue au cours des deux dernières décennies.

1. Désenchevêtrer les fonctions bancaires : Des nécessités de la Réforme et de la situation présente…

La constitution actuelle de méga-banques est trop problématique pour la société :

(1) aucune preuve de véritables économies d'échelle (Tobin, 1985 et 1987),

(2) obstacles à la concurrence sur les différentes fonctions prises individuellement,

(3) conflits d'intérêt et mauvaise allocation des ressources de l'épargne,

(4) puissance financière déstabilisante sur les marchés de capitaux,

(5) gestion des risques trop complexe,

(6) taille trop importante par rapport aux capacités des Etats (« too Big to fail ; too big to save »)…

2. La pierre angulaire: les « Compagnies de Services Monétaires » (Banques de dépôts)

Éléments clefs de la réforme proposée, les CSM seraient la pierre angulaire de l'ensemble par leur invulnérabilité aux chocs du fait de leur structure et de leurs règles de fonctionnement:

(1) une couverture à 100% des dépôts de leurs clients, ceux-ci étant considérés comme des espèces à garder

(2) un accès au réseau général des paiements,

(3) aucun crédit possible, les paiements se faisant en temps réel en fonction des provisions des clients sur leurs comptes.

En fait, ces CSM seraient des « usines » de haute technologie reliées à une multitude de clients à travers des centres d'appel, des centres de contacts automatisés au niveau local ou via Internet. Elles seraient totalement ouvertes à la concurrence, celle-ci se faisant à la fois sur les prix et la qualité des services.

En effet, en sus de leurs opérations purement « monétaires », elles pourraient développer des services annexes sans risques et  lucratifs comme le courtage (passage d'ordres sur les marchés), la distribution de produits financiers (investissement et assurances), voire des activités de conservation de titres. Aujourd'hui,  il n'y a plus d'obstacles majeurs au développement de ces structures qui existent déjà avec le développement des banques en ligne et d'acteurs comme Fortuneo ou Boursorama… Quant aux populations n'ayant pas accès à Internet ou à des services locaux informatisés (personnes âgées par exemple) et qui nécessitent des services de proximité, ce serait à la discrétion des banques d'y pourvoir si elles y trouvent leur intérêt, sachant que la banque Postale trouverait là une forte justification à son existence.

3. Les organismes de financement comme « purs » intermédiaires financiers (Banques de financements)

Dans le nouvel environnement créé par la réforme, tous les organismes de financement seraient placés sur le même plan (refinancement sur ressources d'épargne), quitte pour eux de se différencier comme ils l'entendent. Du point de vue des différents aspects de leur activité, les points suivants doivent faire l'objet de réflexion.

* Les produits de financement offerts aux emprunteurs : a  priori aucun changement

* La gestion actif-passif : le problème de la transformation financière

*Le cas particulier des SICAV monétaires et autres fonds de placement : une rentrée dans le rang ?

4.  Capital, Contrôle, Supervision : Un changement radical

L'impossibilité de contrôler un système à couverture fractionnaire étant maintenant avérée, un véritable délire règlementaire et prudentiel s'est emparé de la planète politico-financière après la crise. Il s'avère que, dans le cadre du « 100% Money », les solutions seraient remarquablement simples.

* Fin de toutes les garanties d'Etat et responsabilisation de toutes les parties prenantes

A partir du moment où la quantité de monnaie en circulation serait complètement sécurisée par elle-même, car devenant en fait l'équivalent d'un simple  dépôt d'espèces, tout le reste en découlerait : (1) Il n'y aurait pas d'écroulement possible du système comme un château de cartes, à l'instar du système actuel (plus de risque systémique possible), (2) Chacune des parties du système financier pourrait défaillir sans que cela ait de répercussions sur les autres

* Des exigences de capital minimales et, éventuellement, libres

Les propositions de ratios de capital (capital/actifs pondérés par le risque) tournent au gaspillage de capital (10%, voire 15% pour les banques suisses à l'horizon 2013). Dans le cas du régime proposé, ce serait une toute autre approche qui prévaudrait: (1) Les CSM auraient besoin de très peu de capital pour couvrir quelques risques opérationnels, (2) Pour les banques, les exigences en capital pourraient être laissées au choix des banques et… de leurs déposants, avec l'aide des agences de notation, (3) Pour les autres types d'institutions, et en premier lieu la Banque d'Investissement, la liberté totale serait donnée aux acteurs.

* Des instances de supervision et de contrôle allégées

Par rapport à l'appareillage bureaucratique qui se met en place au niveau national et international pour superviser l'activité bancaire et aux coûts induits de plus en plus lourds que subissent les organismes bancaires pour satisfaire à toutes les exigences de contrôle en tous genres requis par ces instances proliférantes, la réforme monétaire offrirait une alternative particulièrement attractive. Les instances de supervision et de contrôle pourraient se transformer en fait en structures très légères dont les objectifs premiers seraient de vérifier que les règles en matière monétaire ne sont pas contournées et que les informations données au marché sont correctes, puisque ce serait à ce dernier, c'est-à-dire aux actionnaires et aux épargnants-déposants-investisseurs, de faire la police à travers les choix qu'ils feraient et les conditions qu'ils exigeraient pour financer les intermédiaires financiers.

B. La transition : un processus transparent sans traumatisme majeur pour aucun acteur

La mise en place de la réforme devrait respecter les trois conditions qui, seules, peuvent la rendre acceptable :

(1) une très grande simplicité dans la mise en œuvre ;

(2) aucun impact sur les relations des banques actuelles avec leurs clients au niveau des opérations courantes, hors le transfert nécessaire des dépôts vers les CSM;

(3) de ce fait aucune perturbation, de quelque nature qu'elle soit, dans les flux de financement de l'économie.

Dès lors, le déroulement du processus, schématisé ci-après, pourrait se présenter de la manière suivante :

1. Première étape : Transfert des dépôts et prêt de la Banque Centrale

A un jour J donné, les dépôts à vue et autres dépôts assimilables à des encaisses devraient migrer vers les CSM. La banque Centrale interviendrait alors sous forme d'un prêt rémunéré aux banques actuelles pour que le transfert s'effectue sans heurt.

=> De facto, les CSM couvriraient les dépôts à vue reçus par de la monnaie de base à 100% et le prêt de la Banque Centrale remplacerait les dépôts à vue au passif du bilan des banques actuelles qui deviendraient des banques de Financement spécialisées.

2. Le remboursement progressif du prêt de la Banque Centrale par les banques et la neutralisation induite de la dette publique

Au fur et à mesure que les crédits faits aux clients arriveraient à échéance, les banques pourraient choisir de rembourser l'emprunt fait auprès de la BC (mais elle pourraient rester débitrices) et de se refinancer à travers de nouveaux dépôts à terme ou l'émission de « Debentures » pour le renouvellement des prêts anciens ou la production de nouveaux crédits .En cas de remboursement, la BC, pour contrebalancer la destruction de monnaie de base liée à cette opération, achèterait des titres publics sur le marché, créant par là même la monnaie de base et des liquidités prêtes à s'investir… dans les « Debentures ».

=>               C'est à travers ce processus que pourrait s'effectuer le « swap » entre la dette publique et la dette privée. Les taux d'intérêt sur les titres publics seraient tirés à la baisse compte tenu de la pression acheteuse qui s'exercerait sur eux de la part de la Banque centrale, tandis qu'il y aurait une grande demande de la part des banques pour collecter des fonds en utilisant leurs propres instruments. Il y aurait nécessairement un « spread » qui se créerait pour équilibrer tous les marchés et ce « spread » ne serait pas nécessairement élevé compte tenu du nouvel environnement ultra-sécurisé. C'est ainsi que s'opèrerait progressivement une neutralisation de la dette publique d'un montant égal au prêt de la BC, lui-même égal à la monnaie en circulation (dépôts dans les CSM)

Une fois, l'activité de services monétaires séparée de l'ensemble, le processus d'exécution serait remarquablement simple et apparaîtrait pour une large part comme un jeu d'écriture entre les acteurs du jeu bancaire sans incidence majeure sur les comportements habituels des autres acteurs. Toutes les conditions préalables seraient respectées et il apparaît bien qu'il n'y aurait aucun risque inflationniste dans la mise en œuvre du « 100% Money » puisque la création de monnaie de base par la banque centrale serait immédiatement gelée par un taux de réserve de 100% de la part des CSM, ce qui revient à dire que la réforme ne conduirait à aucune variation de la masse monétaire en circulation. Par rapport à la récupération de la rente monétaire, il est intéressant de noter que celle-ci pourrait se faire totalement à la discrétion de la Banque Centrale (et donc de l'Etat) et pourrait commencer dès le lancement de la réforme. Il n'y aurait aucun besoin d'attendre la neutralisation de la dette publique, qui prendrait en tout état de cause du temps. Il suffirait de jouer sur les conditions du prêt aux banques pour progressivement mettre les conditions de ce prêt en ligne avec les conditions normales du marché, poussant ainsi les banques à son remboursement.

C. Estimation des ordres de grandeur : Quels sont les enjeux ?

Les quantités à estimer sont les suivantes : le montant d'actifs monétaires susceptibles d'être déplacé vers les CSM, d'où découle le montant du prêt à la banque Centrale et l'ampleur de la dette qu'il serait possible de neutraliser. Dès lors, une estimation de la rente monétaire à récupérer s'en déduira. Dans tous les cas, il ne s'agit que de fournir un cadre de réflexion et montrer l'importance de l'enjeu pour notre temps. La méthodologie est simple et intuitive et peut s'appliquer pareillement à tous les pays.

1. Les principes d'évaluation du transfert vers les CSM et du prêt à prévoir de la banque Centrale

En partant du tableau consolidé de la masse monétaire dans chaque pays, les liquidités sont analysées selon leur composantes en partant de la plus liquide: le dépôt à vue, jusqu'à la moins liquide, en passant par les SICAV monétaires. Pour chacune d'elles, il est attribué un intervalle probable de valeurs pour le coefficient de substituabilité à l'encaisse, suffisamment large pour nous ayons quelques chances que la vraie valeur se trouve quelque part dans cet intervalle. Il est possible d'avoir ainsi des équivalents-monnaie pour chaque composante et de les sommer pour disposer d'une estimation de ce que pourrait être une évaluation basse et haute de la quantité de monnaie dont on peut attendre un transfert vers les CSM. C'est un point capital puisqu'elle commande le prêt de la Banque Centrale et, in fine, le niveau de la dette publique qu'il serait possible de neutraliser à l'issue du processus. Une fois cette estimation réalisée, il suffit de la rapprocher de la dette publique, pour avoir un ordre de grandeur du pourcentage de la dette publique qui pourrait être neutralisé par une application de la réforme. Dès lors, avec ces éléments,  les deux grandeurs qui nous intéressent  peuvent être déterminées :

- L'importance des ressources budgétaires annuelles  liées à la création monétaire, en appliquant le taux de croissance annuel requis  (pour la masse monétaire estimée, soit  4.5%  (2.5% pour la croissance réelle, + 2% pour le taux de hausse des prix objectif),

- L'économie d'intérêt qu'il serait possible de réaliser si la dette publique était absorbée par la Banque Centrale, touchait les intérêts et les redonnait au budget de l'Etat sous forme de dividendes. Il suffit en première approximation de rapprocher les intérêts payés par le Trésor du pourcentage de la dette qui serait neutralisée.

En sommant les deux composantes, l'estimation des gains annuels de la réforme pour l'année de départ se dégage, sachant que la composante « seigneurage » (croissance annuelle de la masse monétaire) croit par définition à un rythme déterminé (4.5%).

2. Application au cas de la zone euro

Tous calculs faits , les gains résultant de la réforme monétaire pour la zone Euro se solderaient en régime de croisière, tous les ajustements réalisés par:
(1) un effacement au 2/3 de la dette publique (sur la base des chiffres 2007),
(2) des ressources budgétaires supplémentaires de l'ordre de € 400 mds soit environ 4.5 % du PIB de la zone euro

En première approximation, l'impôt sur le revenu pourrait être réduit de 50% à l'échelle européenne en régime de croisière, toutes choses égales par ailleurs.

Il ne s'agit pas de prendre ces chiffres au pied de la lettre, bien sûr. Mais, à notre sens, il donne une idée de ce qui est l'enjeu du débat sans compter tous les autres avantages de la réforme. Il ne s'agit pas d'un coup de magicien. Il s'agit tout simplement d'une récupération par la collectivité des gains de la création monétaire.

III – objections au « 100% money » et les réponses apportées.

Comme Phillips (1995) le remarquait, jamais aucun économiste n'a osé produire une réfutation en règle et globale du « 100% Money », soutenu par ailleurs, sous des formes diverses, par une kyrielle d'économistes parmi les plus grands (Ricardo, « Currency School », Walras, Von Mises, Hayek, Knight, Viner, Simons, Fisher, Machlup, Stiegler, Friedman, Allais, et, sous la forme du « Narrow Banking », Tobin et Minsky…).

Cependant, il y a bien sûr des objections et des interrogations qu'il est possible de regrouper en quatre classes.

A         Le soutien au système bancaire classique

* Les banques sont des générateurs de liquidités pour les agents économiques et des « absorbeurs de chocs (de liquidités)

Les auteurs oublient tout le contexte, c'est-à-dire l'instabilité du système à couverture fractionnaire, en négligeant l'origine des dépôts (création monétaire) et la différence épargne-encaisse. Par rapport à l'objection avancée, le « 100% Money » permettrait de faire face aux besoins imprévus de liquidité dans un système complètement sécurisé (les lignes de crédit continueraient à exister, mais elles seraient gérées différemment).

* Il y a asymétrie d'information entre les banques et les déposants, les clients concédant aux banques la sélection de « bonnes contreparties » en échange de la disposition de leurs dépôts

Outre l'absence de tout fondement historique, juridique ou psychologique en ce qui concerne ce traitement du contrat Banque-déposant dans le cas de la banque traditionnelle, il apparaît de manière évidente que l'argument traite plutôt de l'intermédiation financière en tant que telle et ne va nullement à l'encontre du « 100% Money » puisque les banques de financement, dans un tel système, assumeraient cette tâche dans un univers plus sécurisé.

* Les banques mobilisent des liquidités et créent de la monnaie, ce qui permet de financer « plus » d'investissements (actifs illiquides)

Argument couramment avancé, il repose sur le sophisme d'une mobilisation de « ressources » alors qu'il s'agit en réalité d'une création de « ressources » fictives par duplication d'encaisse, le déposant continuant de disposer de son encaisse en vue des transactions qu'il planifie. [...]La création monétaire ne crée jamais rien en régime normal mais spolie toujours…

* Contraints par la masse de l'épargne courante, les crédits seraient plus difficiles à obtenir dans un système de « 100% money » par rapport à ce qu'il en est dans le système actuel

Argument également « classique », celui de l'insuffisance de l'épargne. Il n'est pas recevable pour plusieurs raisons, théoriques et pratiques :

(1) dire que la création peut compléter l'épargne est un non-sens économique pour les raisons évoquées plus haut,

(2) il y a une confusion permanente entre la masse de crédits accumulés qui vont continuer à « tourner » (remboursement-renouvellement) et qui sont, dans la transition (qui peut durer), complètement refinancés par le prêt de la BC (avant de l'être éventuellement par substitution de la dette privée à la dette publique), et les nouveaux crédits qui n'en représentent qu'une petite frange.

B.         Le système actuel ne peut-il être amendé afin d'éviter le traumatisme d'une réforme ?

Ces interrogations portent à la fois sur la politique monétaire et sur la politique règlementaire.

(1)Politique monétaire : Beaucoup d'erreurs ont été commises, mais est-il vraiment impossible de trouver un autre système que celui du « 100% Money » qui, lui, suppose la mise en place d'une règle stricte de contrôle de la masse monétaire ?

Le système bancaire à couverture fractionnaire est totalement impossible à contrôler par la politique monétaire comme l'a montré toute l'expérience historique : (1) avant-guerre : Crises de 1929 et 1937 ; (2) Après-guerre : arbitrage impossible entre inflation et chômage ; (3) dernières décennies : crises et « bulles » à répétition. Concernant les politiques monétaires « actives », il faut reconnaître l'impuissance générale à s'abstraire de « l'air du temps » et à anticiper correctement.

(2)Politique réglementaire : Après les systèmes « Bâle 1 » et « Bâle 2 », il devrait être possible de rendre ces systèmes plus sûrs en renforçant les exigences de capital, en limitant le coefficient de levier (rapport total actif/capital), en créant de super-instances de supervision et de contrôle…

Aucun système réglementaire ne peut remplir son rôle car

(1)l'impuissance de la politique monétaire lui enlève toute crédibilité puisque c'est elle qui pourrait combattre le risque systémique en contrôlant les déséquilibres économiques,

(2) ces systèmes sont par nature réactifs et rétrospectifs et, les acteurs  contrôlés jouant avec leurs règles , ils ne peuvent jamais anticiper les désordres à venir ;

(3) ils ont toujours des effets non prévus qui sont toujours pervers ;

(4) Pour tenter de pallier leur impuissance, ils ont tendance à proliférer et à devenir de plus en plus coûteux.

…Dans un système de « 100% Money », tous ces systèmes seraient pratiquement inutiles.

C.       Un système de « 100% Money » est-il réellement faisable dans le monde actuel ?

* Par rapport au système financier international, comment la réforme se positionne-t-elle ?

Il y a deux aspects à la réponse.

D'un côté, il nous parait  possible de dire qu'il ne devrait pas y avoir de problèmes majeurs.

(1)Liberté des mouvements de capitaux dans un régime de changes flottants,

(2) fonctionnement comme par le passé des marchés de fonds prêtables sur toute la gamme des maturités.

D'un autre côté, des scénarios sont à étudier, comme la possibilité de recréation « off shore » d'un système bancaire à couverture fractionnaire en euros, mais les hypothèses que nous pourrions envisager aujourd'hui ne nous permettent pas d'entrevoir comment un tel système, plus risqué par définition que le système « officiel » de la zone euro, pourrait être plus compétitif et se développer d'une manière autonome.

* Le système du « 100% Money » est-il antinomique de l'esprit d'innovation en matière de finance ?

En dehors des « innovations » visant à gommer les frontières entre l'encaisse et l'épargne et heurter ainsi, à la manière de « faux monnayeurs », les intérêts de la collectivité, tout est libre dans le système proposé

(1)pour les CSM, il s'agirait d'apporter aux clients les meilleures solutions en matière de « cash pooling », « cash management », tenue de compte, passage d'ordres, etc…

(2)Pour les autres Intermédiaires financiers et institutions, il n'y aurait aucune limite à l'imagination et toutes les techniques modernes de financement pourront être utilisées.

D.        Qu'apporte le nouveau système en matière de régulation ? N'a-t-il pas lui-même ses limites ?

Le nouveau système permettrait un contrôle total, au moins en première approximation, de la masse monétaire d'où une meilleure maîtrise de la conjoncture économique. Des questions se posent cependant.

* Les Etats ne pourraient-ils pas être tentés d'utiliser leur pouvoir pour faire marcher « la planche à billets » ?

Dans le « 100% Money » l'Etat récupèrerait les gains de la création monétaire mais pas le contrôle. Celui-ci serait confié à la Banque Centrale agissant sous un mandat impératif protégé par la Constitution.

* Toutes les fluctuations économiques pourraient-elles être maîtrisées ?

Les fluctuations de la demande de monnaie (vitesse de circulation) seraient toujours possibles, mais il y aurait deux effets stabilisateurs dans le « 100% Money » : (1) Aucune élasticité de la masse monétaire et rôle régulateur des taux d'intérêt, (2) coût des encaisses conduisant les agents économiques à conserver ce qui est strictement nécessaire pour leurs transactions (fonds de roulement)

* Qu'en est-il des mouvements boursiers ?

Ils seraient inévitables avec des emballements et des « déprimes » possibles, car la vitesse de circulation de l'argent investi en bourse est incontrôlable. Il y a cependant deux remarques importantes à formuler : (1) En l'absence de création monétaire, le « margin trading » ne pourrait être financé que sur les fonds disponibles et l'épargne courante, de telle sorte qu'un emballement spéculatif entraînerait immédiatement une montée des taux d'intérêt, (2) Les fluctuations violentes de la bourse n'ont que peu d'impact sur l'économie  si elles ne déstabilisent pas le système financier, ce qui serait le cas dans le « 100% Money ».

* Pourrait-il être possible d'agir directement sur les encaisses détenues par les agents pour contrer une vague de pessimisme ?

Il est effectivement possible de se demander si une « taxe spéciale » sur les encaisses pour financer un programme d'investissement ne serait pas susceptible dans ce cas de jouer un rôle positif. On aborde là un champ exploré par Silvio Gesell (1906) et, de manière allusive, par J.M Keynes (1936).

E.         La réforme proposée n'est-elle pas contradictoire avec le libéralisme et l'économie de marché ?

Une telle interrogation montre la régression qu'a connue la pensée économique au cours des deux ou trois dernières décennies. Elle a deux aspects.

* Est-ce une remise en cause du mouvement de dérégulation ?

Le secteur bancaire n'est pas une industrie comme les autres car son fonctionnement produit des « externalités » qui peuvent être dommageables pour les autres secteurs (Tobin, 1987, p. 179) et la création monétaire n'est pas un produit comme les autres car elle a un pouvoir déstabilisant et spoliateur. De plus, le système de paiements et l'intégrité du moyen d'échange sont des biens publics essentiels. Il est dès lors normal que la société dessine le système de paiement et de financement le plus sécurisé et le plus efficace possible tout en s'appropriant les gains de la création monétaire, ce mécanisme générateur par nature de « faux droits » sur la production. Il y a des dispositions législatives pour garantir les libertés, la sécurité et la santé publiques, la liberté du Commerce, les règles de la concurrence, etc… Le contrôle de la monnaie doit faire partie de cet arsenal de protection des intérêts des citoyens.

* Est-ce compatible avec les règles de fonctionnement d'une société libérale ?

Une seule réponse : tous les grands libéraux ont soutenu totalement un système de couverture intégrale des dépôts, soit par une encaisse métallique (Ricardo, Walras, Von Mises, Hayek, Rothbard…), soit par de la monnaie de base (Les économistes de Chicago, Currie, Fisher, Friedman, Allais…). Dans une société libérale, tous les secteurs doivent être libres sauf un : la production de monnaie. Sans ce contrôle, l'économie de marché secrète en elle-même les germes de son autodestruction.

CONCLUSION

A l'issue de cette revue de quelques projets, parmi bien d'autres, de restructuration du système bancaire, un enseignement apparaît avec clarté : Le système bancaire à couverture fractionnaire reste pour le bon fonctionnement de nos économies de marché un problème qu'il faut résoudre. [...] La crise que nous venons de traverser apparaît comme un rappel aux réalités de nos économies et  aux expériences de l'histoire : problème majeur hier, le fonctionnement des banques est un problème aujourd'hui et, si rien n'est fait, il le sera demain car il repose sur une faiblesse qui est un vice fondamental et incurable, la confusion entre la monnaie et le crédit.

[…] les replâtrages sans avenir des structures branlantes du présent ne suffisent plus. Il faut trouver autre chose et peut-être que la solution est-elle de renouer avec cette tradition, illustrée par les plus grands économistes, qui a de tout temps dénoncé le caractère fondamentalement vicié du fonctionnement d'un système bancaire qui produit la monnaie dont nos économies ont besoin en émettant des crédits. Comme le soutient notre étude, toute véritable solution aux problèmes contemporains doit passer par la reconquête du Pouvoir Monétaire par la société, à travers une réforme radicale du système bancaire fondée sur la dissociation entre la monnaie et le crédit, autrement dit la réforme qui est restée dans l'histoire sous le nom du « 100% Money ».

Cette réforme permettrait d'atteindre, pour un coût finalement minimal, la plupart des objectifs auxquels il est possible d'aspirer aujourd'hui : meilleure régulation économique à travers un contrôle strict de la monnaie, plus grande efficacité dans l'allocation des ressources avec, donc, un impact positif sur la croissance à long terme ; capture par les Etats de la rente liée à la création monétaire ce qui permettrait de dégager des marges de manœuvre budgétaires très significatives.

Mais, peut-être, au-delà de tous ces bénéfices, une telle réforme pourrait devenir la pierre angulaire d'une nouvelle refondation du capitalisme, dont on parle beaucoup sans jamais être capable de lui donner un contenu réel. Au cours des deux dernières décennies, un esprit d' « agiotage », pour reprendre l'expression si juste de Walras, s'est répandu comme une gangrène, avec pour principale source d'alimentation une création monétaire débridée à l'échelle mondiale. Même si d'autres réformes au niveau du fonctionnement des marchés capitaux sont aussi nécessaires, cette réforme serait une étape indispensable si on veut pouvoir changer l'état d'esprit régnant. En effet, en contrôlant la masse monétaire et en réservant ses gains au seul Etat, elle ferait cesser ce scandale de pouvoir « se servir sur le marché sans offrir ». Elle fermerait le robinet des « faux droits » et ouvrirait le champ libre aux véritables facteurs de richesses à long terme : L'épargne et l'initiative entrepreneuriale. […] Elle signerait le commencement de la fin pour les profiteurs de ce système né d'une fraude et qui a toujours été le cancer des économies de marché et des sociétés libérales : Le système bancaire à couverture fractionnaire.

Une réponse vers «Christian Gomez: 100% money»

  1. Renaud L a i l l i e r dit :
    23 février 2010 à 09:13 | Répondre

    Bravo!!! Vraiment bravo!! C'est BON, c'est une vraie – dégustation -.
    Voici un écho MAJEUR de ce pourquoi les deux associations, auxquelles je participe avec des moyens très modestes, travaillent sans relâche, l'une depuis 13 ans, l'autre depuis 76 ans. Les qualités de l'auteur de cet article, article à classer comme une référence, une pierre blanche dans un océan de trompe l'œil, de chausse-trappes et de vide-bourses que constitue la « politique du crédit » (expression galvaudée qui veut tout dire et son contraire) et la « politique monétaire » des banques, véritable combinatoire absconse aux résultats sociaux et économiques calamiteux, parfaitement bien cernée ici par un très grand professionnel de la banque Christian GOMEZ.
    L'Association pour les Droits Économiques et Démocratiques A.D.E.D. qui préconise depuis le début le système à 100%-monnaie trouve ici une recension majeure des possibilités offertes par cette couverture monétaire à 100%. De même que les critiques du fonctionnement monétaire actuellement en pratique, et ce, pour les difficultés de tous et le malheur du plus grand nombre d'entre nous.
    De même, l'association historique du Mouvement des Créditistes du Canada, présente maintenant sur les cinq continents, fondée en 1934 (officiellement en 1939) par Louis EVEN (1885-1974), continuateur pugnace du Crédit Social (qu'on peut très bien nommer Argent Social) découvert expérimentalement par le major Clifford Hugh DOUGLAS (1879-1952), ingénieur et économiste, qui fut directeur d'industrie et dans les travaux publics en divers endroits du monde et qui fut un praticien de l'économie sur le terrain, ce qui fait que le Crédit-Social (alias Argent-Social) ne doit rien à la théorie sinon à la pratique. Dans le système du Crédit Social donc, c'est la couverture à 100%-monnaie qui est la base monétaire, le substrat sur lequel s'opère les mouvements et transactions. La question centrale des intérêts bancaires, de leurs modalités, comme de leur absence ou suppression, est en tout point compatible avec toute les descriptions, propositions et critiques faites ici.
    Un très grand merci à Christian GOMEZ qui, par ses qualités professionnelles, vient d'apporter une lumière nette, élucidante et archi féconde sur la vérité monétaire, financière et bancaire dans son rôle sain et sécurisant pour tous.
    Encore MERCI Monsieur GOMEZ !!

    Renaud L a i l l i e r

...C'est donc un grand service que nous rend Pierre-Noël Giraud en proposant dans son livre "Le commerce des promesses", une  "traduction"  en langage accessible à tous, des propositions d'Allais qui trouvent une brûlante actualité dans le contexte de la crise que nous traversons.

A la fin des années 1990, constatant la tournure qu'avait prise la libéralisation financière, Allais se scandalisait de ce que l'on permette aux banques de «jouer à la Bourse avec leurs fonds propres et, encore pire, avec de la monnaie qu'elles créent pour cela». Il préconisait une séparation absolue entre la sphère de la monnaie et du crédit et la sphère de la finance de marché, ainsi qu'une création monétaire strictement réservée à la banque centrale. Formulées en pleine période d'euphorie, alors que le système venait de surmonter avec brio la faillite de LTCM, ces propositions n'ont naturellement pas été entendues. On les a balayées d'un revers de la main, affirmant que de telles mesures bloqueraient totalement tout le système financier et le rendraient gravement inefficace. Analysons cependant plus en détail les propositions d'Allais, car elles ont le mérite de bien poser les questions de fond.

Pour Allais, dans le système actuel, des crises financières de plus en plus violentes sont inévitables. Une spéculation débridée sur les marchés financiers, à laquelle les banques elles-mêmes participent massivement, est en effet à ses yeux indissociable des modalités actuelles de création monétaire. Ce sont ces modalités qu'il suggère de réformer de manière radicale. II propose de découper les actuelles banques «universelles » qui, à la fois, créent de la monnaie et interviennent directement et indirectement sur les marchés financiers, en trois types d'institutions différentes aux rôles bien déterminés et contrôles. La première, ce sont de simples banques de dépôts, qui gèrent les comptes courants de leurs clients. II leur est interdit de faire crédit: aucun découvert sur les dépôts n'est donc  autorisé. Leur fonction est uniquement celle de règlement, fonction qu'elles facturent aux déposants: l'émission de chèques, les virements, les paiements par carte bancaire sont donc facturés à leur coût réel. La deuxième, ce sont des banques de prêts. Elles sont contraintes à ne prêter que de la monnaie qu'elles ont préalablement empruntée, en particulier à la banque centrale, comme on va le voir. De plus, ces banques sont soumises à l'exigence de prêter plus «court» qu'elles n'empruntent et de se soustraire ainsi au risque de liquidité. Les banques de prêts n'ont donc aucun pouvoir de création monétaire. La troisième, ce sont des banques d'affaires, qui empruntent au public et aux banques de prêts pour acheter des titres. Ces dernières sont donc l'équivalent des actuels investisseurs institutionnels. Dans le schéma d'Allais, la création monétaire est exclusivement réservée à la banque centrale qui crée de la monnaie en prêtant aux banques de prêts. C'est d'elle et d'elle seule que dépend le rythme d'expansion des crédits aux acteurs économiques, donc de la masse monétaire en circulation. Ce rythme est décidé par le gouvernement.

Le gouvernement fixe donc à la banque centrale des objectifs quantitatifs d'expansion de la masse monétaire. Il calcule ces objectifs de manière à ce que la masse monétaire augmente à un rythme légèrement supérieur (de 2 %) à la croissance attendue de 1'activité économique, ce qui fait que1'inflation tolérée est de 2 %.

Selon Allais, ce système résoudrait les problèmes suivants. Le système de règlement ne serait plus affecté par les crises financières, puisque les banques de dépôts, qui assurent les règlements, ne font pas de crédit et n'investissent pas sur les marchés financiers. Ni les banques de dépôts ni les banques de prêts ne pourraient connaître de crises de liquidité, puisque leur actif est au moins aussi liquide que leur passif. Les banques de prêts, si elles sont mal gérées et évaluent mal leurs risques de crédit, peuvent évidemment faire faillite. Mais elles seront reprises par des banques saines, et cela ne se traduira que par des transferts entre actionnaires et créanciers des banques, sans affecter la monnaie gérée par les banques de dépôts. Certes, rien dans ce schéma n'empêche un acteur d'emprunter à une banque de prêts pour spéculer sur les marches financiers. Mais Allais souligne tout d'abord que les banques elles-mêmes devront emprunter pour spéculer, au lieu de pouvoir le faire avec de la monnaie qu'elles créent ex nihilo et sans coût dans le système actuel.  Ensuite, si, toutes choses égales par ailleurs, des acteurs (banques comprises) veulent emprunter pour spéculer, cela fera augmenter les taux d'intérêt. Plus la spéculation se développera, plus les ressources pour spéculer coûteront cher. Allais voit là un puissant mécanisme de régulation de la spéculation, alors que, dans le système actuel, le crédit bancaire peut 1'alimenter sans frein. Dans son système, on ne pourrait prendre des risques sur les marchés financiers qu'avec une épargne préalablement constituée, soit la sienne propre, soit de l'épargne empruntée à d'autres. Allais y voit la garantie d'une bien plus grande stabilité de ces marchés et donc de l'économie dans son ensemble. Cela rendrait de plus impossibles des enrichissements colossaux et rapides (d'individus ou d'institutions) grâce à des spéculations heureuses entreprises avec de l'argent crée expressément pour cela, ce qu'Allais juge moralement condamnable.

Tel est le cœur des réformes proposées par Allais. Elles prévoient d'autres mesures, mais l'essentiel est la séparation et le cloisonnement des activités bancaires ainsi que le fait de réserver à1'Etat la création monétaire. L'intérêt de ces propositions est qu'elles désignent très clairement la racine de 1'instabilité du système monétaire et financier contemporain : la possibilité pour la finance de créer des droits en excès grâce à une création monétaire par le crédit bancaire qui échappe largement au contrô1e de l'Etat.

Pierre-Noël Giraud propose ensuite une critique argumentée des propositions d'Allais en nous entrainant dans une controverse qui, comme il le dit lui-même est vieille comme l'économie politique,  entre les partisans de la Banking School et ceux de la Currency School, mais c'est une autre histoire ...

Commentaires

1. Le jeudi, 17 décembre 2009, 00:45 par Fabien

Habitant a Sydney, je suis familier des thèses du Postkeynésien Steve Keen (auteur de "Debunking Economics"). Je vous conseille sont blog:

http://www.debtdeflation.com/blogs/

Beaucoup de ressources théoriques très intéressantes, pour les passionnes de l'Ecole du Circuit...

2. Le jeudi, 17 décembre 2009, 19:50 par RST

@ Fabien
Merci pour le lien.
Même si j'utilise l'anglais dans mon boulot, je ne suis pas à l'aise pour l'utiliser en économie, matière que je ne maitrise pas. Plus tard peut-être ...

3. Le vendredi, 18 décembre 2009, 14:18 par yann

" Elles prévoient d'autres mesures, mais l'essentiel est la séparation et le cloisonnement des activités bancaires ainsi que le fait de réserver à1'Etat la création monétaire."

C'est simplement le vieux principe de Montesquieu sur la séparation des pouvoirs, chose que les moderne ont complètement oubliés.

Sinon Allais se base quand même sur la théorie quantitative de la monnaie (lien entre augmentation de la masse monétaire et inflation), il y a pourtant beaucoup d'exemple qui montrent que ce lien n'est pas si évident.

4. Le vendredi, 18 décembre 2009, 18:23 par RST

@ Yann
Je ne suis pas un spécialiste mais je sais qu'Allais n'est pas exempt de critiques.
Je suis néanmoins surpris par l'ostracisme dont il est victime. Il est de bon ton dans la blogosphère économique de regretter la disparition récente de Samuelson mais qui parle d'Allais, sinon pour le critiquer ? Il faut absolument être américain pour être crédible ?

5. Le vendredi, 18 décembre 2009, 23:33 par yann

@RST

"Il est de bon ton dans la blogosphère économique de regretter la disparition récente de Samuelson "

Je suppose que ce sont les mêmes économistes pour qui il n'y avait pas de crise en 2007/08 et les mêmes qui pensent encore que la crise est fini et que l'orgie spéculative peut reprendre. Parce que Samuelson et ses théories sont lourdement responsable du fiasco, autant que je sache Hayek, Friedman, Samuelson c'est le tiercé gagnant de la banqueroute néolibérale.

Je suis d'accord sur beaucoup de points avec les thèses de Allais surtout sur le protectionnisme qu'il prône, très près des thèses de Friedrich List (région de libre commerce uniquement entre pays de même niveau de développement, commerce coopératif). Je dis seulement qu'une partie de ses raisonnements sont en plein dans les croyances hautement suspecte des économistes, notamment le lien entre l'évolution de la masse monétaire et l'inflation.

Sinon tu peux maintenant me ridiculiser en direct sur mon blog tout neuf que je viens de créer. Oui parce que je viens de voir que celui de Malakine est en standby alors je m'occupe comme je peux. Je vais essayer de l'alimenter régulièrement pour m'attirer les foudres des critiques webstronomiques du net dont les tiennent .

http://lebondosage.over-blog.fr/

PS: ne soit pas trop méchant tout de même je suis un blogueur novice.

6. Le samedi, 19 décembre 2009, 01:23 par jean

@yann:
Votre vision de Samuelson est caricaturale. Bien que ce soit celui qui a introduit le théorème HOS, il n'en est pas moins resté critique sur le libre-échange:
http://www.onpointradio.org/2004/09...
En plus de cela, il faut rappeler que le thm HOS indiquait clairement que le libre-échange avait des effets redistributifs.
Enfin, vous semblez ignorer le commerce international a permis aux pays d'Asie du sud-est de sortir de la pauvreté. Je vous conseille également de lire ceci:
http://www.slate.com/id/1918/
Sinon, assimiler Samuelson à Friedman et Hayek est un contresens total. Samuelson était convaincu de la justesse des intuitions keynésiennes et n'était pas complétement convaincu de la supériorité économique du capitalisme (il pensait par exemple que l'URSS seraient à même de dépasser les États-Unis car les entreprises ayant un pouvoir de marché ne cherchaient pas à maximiser leurs profits mais surplus global).

7. Le samedi, 19 décembre 2009, 01:29 par jean

Pour ce qui est de Maurice Allais, il est bien normal qu'il ne fasse pas autant de bruit maintenant que Paul Samuelson en ce moment car ce n'est pas lui qui est mort cette semaine.

8. Le samedi, 19 décembre 2009, 09:25 par yann

@Jean

Voua avez beaucoup de certitudes. Affirmer comme vous le faites qu'il y eu développement de l'Asie grâce au commerce c'est tomber dans les raisonnement grotesque de la plupart des économiste c'est à dire confondre une corrélation avec une causalité.

On peut affirmer à votre encontre que l'Asie se serait développé même sans commerce extérieur et de façon probablement plus équilibré qu'elle ne l' fait, toute dépendante de ses exportations qu'elle est.

Si l'on suit le raisonnement des libre-échangiste alors comment expliquez vous les développement auto-centré de l'Europe du Japon ou des USA, ces derniers ayant eut des droits de douanes à 50% jusqu'en 1945. Le commerce n'est pas et n'as jamais été le moteur du développement il n'en est qu'une conséquence. Le vrai moteur c'est la hausse du niveau scolaire, l'évolution démographique et le changement de mentalité. Le libre-échange n'as jamais permis à des pays attardé de se développé bien au contraire.

9. Le samedi, 19 décembre 2009, 12:05 par Tadzoa Trekhei

Marianne (papier) a publié dans son numéro 659, du 5 au 11 décembre 2009, dans la rubrique "Idées", une "Lettre aux français" de Maurice Allais, le cri d'alarme du Prix Nobel français d'économie, "Contre les tabous indiscutés", suivi d'un article d'Eric Conan "Le prix Nobel, iconoclaste… et bâillonné". Instructif!

@ Yann : très bonne nouvelle pour ceux qui ont suivi vos commentaires avec intérêt que la naissance de votre blog que je vais m'empresser de visiter !

10. Le samedi, 19 décembre 2009, 12:45 par jean

@yann:
1. Vous noterez que j'ai été prudent: j'ai dit "commerce international" et non "libre-échange". Le fait qu'il y ait eu des droits de douane ne signifie pas qu'il n'y ait pas eu de commerce. Et le fait que le commerce international soit bénéfique n'exclut pas que des droits de douane puissent l'être aussi (par exemple, les spécialisations agricoles sont souvent catastrophiques).
La raison pour laquelle les tarifs douaniers étaient élevés car ils fournissaient une source importante de revenus à l'état, à une époque où il était bien difficile de savoir qui touche quoi.
Ni l'Europe, ni les États-Unis ni le Japon n'ont eu un développement autocentré.
Quant à la Grande-Bretagne, initiatrice de la révolution industrielle, c'était le pays qui commerçait le plus avec l'extérieur.

2. Le commerce international n'est évidemment pas le seul facteur de développement (il peut dans certains cas avoir un impact négatif), mais voici comment il y contribue:
_accès à des technologies récentes
_réduction de l'insécurité alimentaire en ayant accès au marché international de céréales (et donc allongement de l'espérance de vie, et donc augmentation de la rentabilité de l'éducation [à quoi bon éduquer ses enfants s'ils meurent l'année suivante?]) .
_

11. Le samedi, 19 décembre 2009, 18:48 par RST

@ Yann

Bienvenue au club et longue vie à ton blog.

12. Le lundi, 28 décembre 2009, 11:04 par dexter

@jean

Le balance extérieur de l'Asie est surtout un transfert de croissance.

13. Le lundi, 28 décembre 2009, 14:11 par jean

<hs>
@dexter
Parce que çà se transfère, la croissance?
Désolé, mais absolument rien ne permet d'affirmer que notre croissance aurait été plus forte en l'absence de l'Asie (on aurait peut-être eu des matières premières moins chères et encore, mais on aurait dû produire pour bien plus cher tous les produits made in Asia que nous consommons actuellement).
Que la Chine ait acheté trop de dollars (provoquant peut-être indirectement la crise actuelle) est bien possible mais c'est sans doute elle qui paiera le prix le plus fort (cf le livre de PNG p.91-92) lorsqu'elle voudra dépenser ces dollars.
</hs>

14. Le mercredi, 30 décembre 2009, 11:28 par RST

J'ai corrigé la regrettable erreur dans le prénom de l'auteur du texte qui voudra bien me pardonner je l'espère

Article repris ici: http://www.marianne2.fr/Les-proposi...

15. Le lundi, 11 janvier 2010, 22:00 par Emmeline

Pour info, et encore que je doute que mon opinion et ma vie soient intéressantes, j'ai consacré plus de mon temps de mastérienne en éco à Allais (qui n'est effectivement pas mort récemment) qu'à Samuelson, et j'ai plus d'estime pour lui.
Il y a plusieurs raisons parfaitement objectives qui expliquent que Samuelson soit plus connu, surtout dans le monde universitaire, la moindre d'entre elles n'étant pas l'absence parfaite d'anglophonie d'Allais.
Cela dit, mon intérêt pour Allais ne m'empêchera pas de préciser, certes après la bataille, qu'une assimilation de Samuelson à Friedman, et a fortiori à Hayek, n'a strictement aucun fondement, ni scientifique, ni même "politique".

16. Le lundi, 11 janvier 2010, 22:21 par RST

@ Emmeline
Je suis toujours ravi de vous voir par ici. Vraiment.
Si je suis indiscret, vous me le dites mais vous avez fait un master d'éco en plus d'HEC ou bien c'était inclus dans le cursus ? Ou bien je n'ai rien compris ?

J'ai cru comprendre de la part de personnes se présentant comme des disciples d' Allais (et qui avaient donc de l'estime pour lui) que ce dernier n'avait jamais vraiment fait d'efforts pour se faire comprendre. Il avait (et a toujours je suppose) ce qu'on appelle un sacré caractère.
Pour Samuelson, il se trouve que lorsque j'ai décidé de me "mettre" à l'économie, une vendeuse de la FNAC m'a présenté son célèbre manuel (18 ème édition) comme accessible au profane (si, si) et donc... je me le suis farci pratiquement d'un coup ! Je sais, ce n'est pas la meilleure façon de débuter mais ceci étant dit, j'ai quand même beaucoup appris, ce qui me fait dire que Samuelson était sûrement un bon pédagogue, non ?
Tout ce qui précède peut aussi expliquer en partie la différence de traitement de ces 2 personnages.

Sur l'assimilation de Samuelson avec Friedman et Hayek, je laisserai Yann s'expliquer, si il repasse par ici car, personnellement, je ne suis pas en mesure d'avoir un avis.

17. Le mardi, 12 janvier 2010, 09:55 par Emmeline

J'ai beaucoup aimé l'enseignement reçu à HEC (pas tout, mais une bonne partie était sauvable) mais on peut difficilement dire qu'on y enseignait l'éco. J'ai fait un M1 recherche en plus, et suis en train de faire le M2 correspondant. Vous aviez bien compris.
Je serais assez d'accord avec les disciples d'Allais qui vous ont dit ça, en ajoutant que sans avoir fait le moindre effort, il semblait quand même vexé que les autres n'en ait pas fait à sa place. Du caractère, oui...
Je n'ai pas lu le manuel de Samuelson, mais les témoignages de ses élèves concordent sur sa pédagogie (en même temps, c'est peut-être un peu à relativiser : allez donc dire à l'archi-ponte de votre discipline qu'il enseigne comme un pied !)

18. Le mardi, 12 janvier 2010, 19:08 par Sophie

Bonjour
Je voudrais vous signaler un nouveau (?) blog: "Osons Maurice Allais"

http://osonsallais.wordpress.com/

, par Pierre-Noël Giraud

Par RST le vendredi, 11 décembre 2009, 20:10 - Citation - Lien permanent


vendredi 2 avril 2010

Euro : ... froid dans le dos.


Ceci est sans doute l'une des meilleures études jamais publiées sur l'euro depuis sa création. Son auteur, Bernard Connolly
, est un ancien haut fonctionnaire de la Commission européenne, dont il a été brutalement congédié, en 1997, après avoir publié un ouvrage magnifiquement prémonitoire ( The Rotten Heart of Europe
). Trait_html_691a601b.jpg

Jusqu'au début de la crise financière mondiale, l'Union monétaire européenne était peut-être l'exemple au monde le plus flagrant d'un système Madoff (Ponzi Scheme
) à grande échelle.

Plusieurs pays de la zone euro (l'Espagne, la Grèce, le Portugal et l'Irlande), avaient des déficits courants élevés ou croissants, que ne justifiaient ni l'attrait d'une croissance rapide de la productivité ni celle de taux de rentabilité attendus sur les investissements. En fait, la croissance de la productivité ne cessait de diminuer, alors que les déficits y augmentaient.

L'Espagne, par exemple, avait enregistré une croissance effectivement nulle de la productivité totale des facteurs depuis le début de la décennie : une grande partie de son taux de croissance relativement rapide ne provenait que d'une baisse du chômage et d'un niveau très élevé d'immigration.

L'Italie, même si son compte courant affichait un déficit relativement faible, appartenait conceptuellement au même groupe, car l'évidente inquiétude de sa population quant aux perspectives d'avenir du pays aurait dû engendrer un excédent net courant, les Italiens épargnant en prévision d'une baisse future de leurs revenus.

Tous ces pays étaient extrêmement peu compétitifs sur les marchés internationaux. Dans le cas des quatre premiers, une forte demande intérieure avait pour conséquence que leur manque de compétitivité se traduisait par des déficits importants de leur balance commerciale. Dans le cas de l'Italie, étant donné la faiblesse de la demande intérieure, son manque de compétitivité entraînait un ralentissement de la croissance alors même que le reste du monde était en plein boom. Cependant il était clair que, pour les cinq pays, les résultats économiques obtenus et les prix de marché qui prévalaient en 2007, et avant, excluaient toute possibilité politiquement réaliste de les voir rester dans les rails des normes et contraintes budgétaires en principe imposées par l'Europe. Or, la dette de ces pays, on la détenait bien volontiers, en fait avec enthousiasme. C'était ça le "système Madoff". (Ponzi Scheme)   

1– L'UNION MONETAIRE AGGRAVE LES BULLES DE CREDIT

Pourquoi ces pays se trouvaient-ils dans cette situation ? La réponse est simple : c'était la faute à l'Union monétaire.

Dans les quatre premiers pays, le niveau élevé de la demande intérieure n'était qu'un effet de la bulle mondiale de crédit. Cependant, la bulle y était considérablement amplifiée parce que le marché pensait qu'en l'absence de monnaies nationales, du fait de l'Union monétaire, il ne pourrait plus y avoir de crise financière.

Comme, au sein de l'Union monétaire, la monnaie ne peut pas se déprécier - assurance d'une volatilité absolument nulle des taux de change à l'intérieur de la zone -, la « chasse au rendement » devenait la priorité de chacun, et les opérations sur les écarts de taux les faisaient progressivement disparaître : il y a moins de deux ans, il n'y avait pratiquement plus de différence entre les rendements des obligations d'état allemandes et ceux des titres émis par les états dont la balance commerciale était en déficit.

Le marché oubliait une chose : que, dans une union monétaire, le risque de défaut remplace le risque de change. Cette conduite imprudente des acteurs du marché, les tireurs de ficelles de l'Union monétaire l'avaient accueillie avec une satisfaction béate, et ils l'avaient revendiqué comme preuve de la « réussite » de leur Union . Leur hypocrisie quand, par la suite, ils ont accusé les marchés financiers « anglo-saxons » d'avoir causé la crise financière n'était que trop prévisible, mais n'en reste pas moins déprimante.

La réalité, union monétaire ou pas union monétaire, était qu'un pays qui encourt un important déficit courant, - que ce soit aujourd'hui ou, pour demain, comme dans le cas de l'Italie (2) -, devra, pour respecter ses engagements internationaux en matière de dette, dégager un jour des excédents.

Ces excédents, comment les obtenir ? La réponse doit inévitablement passer par une contraction de la demande intérieure par rapport à la production potentielle. Mais comme, à l'exception de l'Irlande, le taux d'ouverture extérieure de ces pays par rapport à leur taille reste relativement limité, la plus grande partie de cette contraction de la demande intérieure ne peut porter que sur des biens et services non échangeables, c'est à dire sans contribuer notablement à améliorer la balance commerciale.   

2 – COMMENT AMELIORER LES BALANCES COMMERCIALES

  L'amélioration nécessaire de la balance commerciale exige ainsi une contraction de la demande intérieure qui soit un multiple de l'amélioration des échanges. Ce qui implique une récession profonde et durable. A moins que les exportations nettes n'augmentent autant que la demande intérieure se contracte,

Mais parvenir à une forte amélioration des exportations nettes demanderait une amélioration très substantielle de la compétitivité internationale qui ne peut être obtenue - puisqu'on ne peut pas dévaluer à l'intérieur de l'Union monétaire - que par une dépréciation très importante de l'euro, ou une désinflation relative dans les pays déficitaires.

Sachant que la Banque Centrale Européenne détermine son objectif de hausse de prix pour l'ensemble de la zone euro, il s'ensuit que, même dans le meilleur des cas, il faudrait qu'il y ait carrément déflation dans les pays déficitaires (et, ce qui n'est pas sans importance, que les prix augmentent davantage que la cible dans le reste de la zone).

Cependant, dans une économie de marché, on ne peut imposer une déflation qu'au prix d'une longue période de chômage élevé. Ce qui, combiné avec des taux d'intérêt réels élevés (en raison d'une part du mouvement de déflation interne, et d'autre part de ce que les taux restent fixés en dehors du pays, et qu'ils sont peu affectés par ce qui s'y passe) implique en définitive une "dépression".

Lorsque la bulle de crédit éclate, les prix des actifs - notamment les prix des logements- s'écroulent, ce qui réduit la demande intérieure et, avec elle, entraîne l'effondrement du système Madoff de l'Union monétaire. Arrive alors l'heure de vérité :   - les écarts de taux sur les obligations des pays à balance déficitaire s'accroissent, ce qui exacerbe le problème ;   - la déconfiture de leurs finances publiques contraint leurs gouvernements à augmenter les impôts et à réduire leurs dépenses, aggravant encore la récession et la déflation.

Il en résulte que les taux d'intérêt réels augmentent encore davantage, d'où éviction de toujours plus plus de dépenses privées et aggravation des risques de faillite. Même les agences de notation doivent se rendre à l'évidence : elles se mettent à déclasser la dette souveraine des pays en déficit.

Au début les dirigeants politiques font croire aux entreprises et aux ménages que la récession, quoique douloureuse, prendra bientôt fin.

Lorsqu'ils prennent conscience qu'ils ne pourront pas s'en tirer seuls, le désespoir s'installe. Il frappe les entreprises et les ménages, et déprime la demande intérieure au-delà même de ce qu'il faudrait pour obtenir l'amélioration nécessaire des échanges extérieurs. La déflation s'accélère encore; les taux d'intérêt réels augmentent encore plus ; le fardeau de l'endettement devient insupportable et le chiffre des faillites grimpe de manière spectaculaire. Ce n'est plus seulement le tissu économique, mais tout le tissu social et politique qui sombre.

Si les pays en déficit ne peuvent pas trouver par eux-mêmes le moyen de se sortir de ce cauchemar aussi longtemps qu'ils restent dans l'Union monétaire, est-il possible que d'autres pays aient les moyens de les aider à s'en tirer ? Et si ces moyens existent, quelles raisons ces pays auraient-il d'intervenir (ou de ne pas intervenir) ?

La réponse à la première question est simple : pour sauver ces pays il faudrait procéder :

- soit à une dévaluation très importante de l'euro,

- soit à des transferts financiers très importants, de nature permanente (pas de simples prêts), accordés par les autres pays membres de la zone euro qui, eux, sont en excédent.

3– L'HYPOTHESE D'UNE DEVALUATION DE L'EURO

Une dépréciation substantielle de l'euro permettrait aux pays à déficit de la balance courante d'accroître leurs exportations nettes pour compenser la chute de leur demande intérieure. Leur niveau de vie chuterait par rapport à ses niveaux de l'époque Madoff, mais au moins on éviterait la dépression, le chômage de masse, la déflation, les faillites et un éventuel effondrement politique et social.

Cependant, comme près de la moitié du commerce extérieur de ces pays se fait avec la zone euro, et que leur situation initiale est franchement mauvaise, il s'ensuit que, pour obtenir le résultat recherché, il faudrait que la dévaluation de l'euro soit très forte.   Des calculs ont été faits qui laissent entendre qu'il faudrait que l'euro tombe de 1,57 $ à 60 cents (8) pour obtenir un impact suffisamment significatif sur l'économie des pays à balance déficitaire. Mais cela entraînerait en contrepartie une hausse galopante des prix en Allemagne. En se fondant sur l'utilisation du modèle de la BCE, ces calculs font apparaître qu'une telle dévaluation pourrait entrainer une hausse des prix allemands de l'ordre de 70% en cinq ans (3).

Ces calculs ont été faits avant la crise et l'effondrement du commerce mondial. Aujourd'hui, avec la fourchette actuelle de l'euro, la véritable menace, aussi bien pour l'Allemagne que pour les pays en déficit, est celle de la déflation et non pas d'un risque d'inflation. Ce qui signifie que si l'on veut véritablement conjurer le risque de dépression, de déflation, et d'effondrement généralisé dans les pays déficitaires, il faudrait que l'euro se déprécie encore bien plus que ne le laissent entendre ces calculs. Et cela sans pour autant chasser tout risque d'inflation en Allemagne même.

4 - DES TRANSFERTS ANNUELS POUR COMPENSER LES DESEQUILIBRES

La seconde porte de sortie serait de les faire bénéficier, tous les ans, et à perpétuité, d'immenses mouvements de transferts.

Rappelons-nous que le compte courant est la somme algébrique des soldes sur le commerce international des biens et services, de la rémunération des facteurs payée à l'étranger ou venue de l'étranger, et des transferts nets issus de l'étranger ou partant vers l'étranger.

Si les pays excédentaires de la zone euro - qui se réduisent pour l'essentiel à l'Allemagne - acceptaient de consentir aux pays déficitaires des transferts permanents d'une ampleur égale à leurs déficits commerciaux, les échanges extérieurs de ces derniers n'auraient pas besoin de revenir à l'équilibre, ou de réaliser des excédents, et ils n'aurait pas besoin d'améliorer leur compétitivité. Etant donné que ces transferts seraient définitifs, la consommation des pays déficitaires s'accroîtrait d'un montant égal à leur déficit, et il n'y aurait pas de dépression de la demande intérieure. On éviterait la dévaluation de l'euro et l'inflation en Allemagne; mais il en résulterait que l'excédent commercial allemand - quelque 5% du PIB l'an dernier -, au lieu de nourrir la consommation allemande à venir, entretiendrait la consommation présente et future des pays déficitaires.

Quelle devrait être l'ampleur de ces transferts ?

Ici, il est important de se rendre compte que la France elle-même est en train de devenir un pays avec un déficit de sa balance courante. L'effondrement de l'économie mondiale rend très difficile d'évaluer et de prédire les évolutions à court terme des balances courantes; mais, actuellement, le déficit de plein emploi courant de l'économie française est probablement de l'ordre 4% du PIB, et ne cesse d'augmenter.

La France n'est pas compétitive. Sa situation n'est pas aussi mauvaise que celle de la Grèce, de l'Espagne ou du Portugal, mais le même raisonnement peut lui être appliqué. Si la France ne se retire pas de l'Union monétaire, si l'euro ne se déprécie pas substantiellement, ou si l'Allemagne ne lui envoie pas massivement des subsides, même si la conjoncture mondiale se stabilise, tôt ou tard la France se retrouvera dans un cercle vicieux de dépression, déflation et risque de défaut de paiement..

Au total, il a été calculé qu'aujourd'hui, si on voulait tout faire pour éviter aux pays à balance déficitaire (France comprise) de sombrer dans la dépression, c'est 7% du PIB allemand qu'il faudrait leur transférer ad vitam aeternam.

Quand on prend tout cela en compte, il apparaît que les pays en excédent de la zone euro devraient transférer - chaque année, et à perpétuité -quelque chose comme 7% de leur PIB commun (soit, en moyenne, 16% de leurs recettes budgétaires) aux pays en déficit. Pour mesurer ce que cela veut dire, il faut se rappeler que si, après 1919, le Traité de Versailles avait été réellement appliqué, les réparations qu'il était prévu d'imposer à l'Allemagne se seraient traduites par un transfert global annuel de 10% de son PNB sur une période de 70 ans. En valeur actualisée, le montant global des deux flux est à peu près équivalent. Ce qui, si cela se savait, entraînerait certainement de violentes réactions de la part de l'opinion allemande.

5 - L'ALLEMAGNE AIDERA-T-ELLE LES PAYS EN DEFICIT ?

La question est de savoir si l'Allemagne pourrait accepter, ou ne pas accepter, l'une de ces deux portes de sortie, et pour quelles raisons ? Y répondre suppose qu'on examine d'abord les conceptions et idées fausses que les hommes politiques et l'opinion allemande nourrissent au sujet de l'Union monétaire et de ses effets sur leur pays.

Que pense l'opinion allemande de l'Union monétaire ? L'attitude des hauts fonctionnaires allemands se caractérise par une forte dose d'égoîsme borné à courte vue. La plupart d'entre eux considèrent que l'Union monétaire fonctionne enfin de manière satisfaisante pour leur pays, qu'elle sert enfin à protéger la compétitivité du pays et de ses excédents commerciaux.

Quelle est leur logique ? En l'absence d'Union monétaire, raisonnent-ils, il y aurait un « choc de change » : les monnaies des pays à déficit de balance commerciale se déprécieraient fortement contre le mark, obligeant le pays à accroître sa demande intérieure pour éviter le chômage. Cette combinaison d'une moindre compétitivité allemande et d'une augmentation de la demande intérieure en réponse à un « choc de taux » risquerait de faire disparaître l'excédent commercial allemand. Or Mme Merkel, comme les autres dirigeants allemands, ne manque jamais une occasion de souligner à quel point il est essentiel que l'Allemagne conserve une situation extérieure excédentaire.

De telles attitudes sont de nature typiquement mercantiliste et expriment une tendance politique fondamentale au chacun pour soi. En outre, elles sont parfaitement hypocrites. Car c'est bien le souci, au cours des premières années de l'Union monétaire, de faire fonctionner la zone euro de manière à favoriser ce qu'on considérait être alors les intérêts allemands, qui a puissamment contribué à créer les bulles dont les pays déficitaires sont aujourd'hui les victimes.

A l'époque du passage à l'euro (2001), l'Allemagne enregistrait un déficit (modeste, il est vrai) de ses comptes courants, et sa compétitivité avait été sérieusement affectée par les conséquences inflationnistes de la réunification. Ses finances publiques étaient en difficulté et le chômage y était très élevé. Pour aider l'Allemagne, la BCE - dominée par Tietmeyer et son protégé Trichet – a fixé ses taux d'intérêt sur l'euro bien au-dessous du niveau qui aurait théoriquement été optimal pour l'ensemble de la zone. Ces décisions ont entraîné une dépréciation très importante de l'euro au cours de ses deux premières années d'existence (4).

En baissant à ce point, l'euro a directement amélioré la compétitivité de l'Allemagne vis-à-vis des pays de la zone non euro (notamment vis à vis de la Grande-Bretagne). Mais cette combinaison d'une politique trop laxiste de la BCE et d'un euro faible a provoqué un emballement de la demande et des investissements immobiliers dans les pays déficitaires de la zone, et finalement suscité la formation d'une formidable" bulle" qui y a entraîné la montée de l'inflation, avec comme résultat un retournement des termes de l'échange au profit des produits industriels allemandes devenus, juste retour des choses, de plus en plus compétitifs vis à vis de leurs concurrents de la zone euro.

En même temps, le gouvernement Schröder lançait ses réformes du marché du travail. Il en fallait certainement des réformes, pour rendre plus souple et plus efficace un marché par trop corporatiste. Cependant, les réformes effectivement mises en œuvre ont été essentiellement de nature défensive et négative : pour l'essentiel, elles ont consisté à menacer les travailleurs de transférer leurs emplois à l'étranger s'ils n'acceptaient pas de voir leurs salaires baisser.

Résultat : les coûts unitaires relatifs de la main-d'œuvre allemande ont fortement baissé, ce qui a encore amélioré la compétitivité des produits d'outre Rhin. Mais en agissant ainsi, en cherchant à faire peur, à saper la confiance des ménages, on a découragé la demande allemande de consommation, et cela même après que la reprise des exportations ait entraîné une reprise de l'emploi, de la production et des investissements.

C'est ainsi que l'Allemagne s'est mise à engranger d'énormes excédents commerciaux. Dans l'environnement mondial actuel, vouloir à tout prix maintenir de tels excédents, au lieu de chercher à rééquilibrer l'économie vers la demande intérieure, représente indiscutablement le comble d'une attitude égoïste qui s'exerce aux dépens des autres.

S'agissant des pays en déficit, la position officielle des Allemands est qu'ils devraient faire ce que leur pays a réussi avant eux, et par les mêmes moyens. Ce faisant ils oublient quatre choses :

- 1. que les bulles et les déficits dont ces pays sont aujourd'hui victimes, et dont l'origine se situe pour une très large part dans la politique menée initialement par la BCE, aux débuts de l'Union monétaire, pour venir en aide à l'économie allemande, sont d'une ampleur infiniment supérieure à tout ce à quoi l'Allemagne a jamais eu à faire face;
- 2. que plusieurs de ces économies déficitaires se caractérisent par des degrés d'ouverture sur l'extérieur très inférieurs à l'économie allemande, ce qui implique de leur part, pour redresser leur compétitivité, des sacrifices de demande intérieure beaucoup plus élevés - autrement dit, toutes choses égales d'ailleurs, un coût économique global sans rapport avec ce dont l'Allemagne a fait l'expérience;
- 3. que, pendant toute sa période d'ajustement, l'Allemagne a bénéficié d'un environnement économique mondiale particulièrement favorable (alors même que les bulles des pays déficitaires ont, par la suite, à leur tour, favorisé l'expansion du commerce extérieur allemand au-delà de ce qui résultait de la simple amélioration de la situation concurrentielle allemande);

- 4. enfin l'importance de l'aide directe dont l'Allemagne a bénéficié de la part de la BCE au cours des toutes premières années d'existence de l'euro.
6 – CE QUI SE CACHE DERRIERE LE MERCANTILISME ALLEMAND

D'où provient ce mercantilisme allemand ? Il procède en grande partie des idées des années 1890 et des premières années du vingtième siècle. Ce que l'on pourrait appeler « le darwinisme national » renforçait alors le « darwinisme social » comme philosophie dominante de l'État, empruntant aussi bien à Nietzsche qu'à Hegel en termes de philosophie politique, et à Friedrich List en guise de pensée économique. En outre, dans une Allemagne wilhelmienne socialement rigide, où la lutte des classes n'était jamais bien loin (Marx, après tout, était allemand), on tenait que les intérêts du patronat et la préservation de son statut seraient mieux servis par la création d'une vaste zone d'influence économique et politique pour l'Allemagne.

L'idéal d'une Mitteleuropa dominée par l'Allemagne, préconisée par les patrons allemands, était en septembre 1914 au cœur du Memorandum secret de Bethmann-Hollweg sur les buts de guerre de l'Allemagne.

Une alliance, quoique aujourd'hui animée d'intentions évidemment plus bénignes, entre les ambitions géopolitiques de l'Allemagne (ou de « l'Europe ») et les intérêts des entreprises, notamment leurs intérêts à l'exportation, est encore très puissante. On ne peut pas faire d'analyses ni de prédictions sur la manière dont la crise de l'UEM sera résolue si on ne la prend pas en compte. C'est une coalition au sein d'un État tacitement corporatiste, qui privilégie les intérêts de certaines castes (une quasi-survivance des guildes médiévales) sur ceux des électeurs, contribuables, épargnants et consommateurs allemands individuels. Elle exprime une forme de mépris pour le « modèle Anglo-saxon individualiste » de l'Etat, de l'économie et de la société. Et il se pourrait que ce soit elle qui décidera de répartir les terribles souffrances que l'Union monétaire infligera désormais. 

7 – SORTIR DE L'EURO

  En premier lieu, cependant, il importe de considérer l'option d'un retrait de l'union monétaire, que ce soit par un ou plusieurs des pays déficitaires, ou par un bloc allemand.

Tout retrait serait certes une épreuve compliquée, marquée par la confusion et la douleur. C'est pour cela, d'ailleurs, qu'il était si coupable, si téméraire et irresponsable, en son temps, de créer l'Union monétaire. Elle ne se serait sans doute jamais faite dans un système politique et financier de type "anglo-saxon" (5).   Sortir de l'euro serait cependant certainement une chose possible. L'objection selon laquelle les traités européens ne prévoient aucune procédure de retrait ne vaut pas grand chose car il est à peu près certain que le droit international public - si quelqu'un s'en souciait seulement - l'autoriserait dans des circonstances qui permettraient d'invoquer une question de vie ou de mort (6).

L'objection que l'on cite le plus souvent est que, si un pays sortait de l'Union pour dévaluer sa nouvelle monnaie, le fait que ses dettes soient libellées en euros alourdirait considérablement leur fardeau. Ce raisonnement est trop simpliste.

Tout d'abord, la lex monetae universellement reconnue dit qu'un pays qui se retirerait pourrait re-libeller toutes ses dettes internes dans sa nouvelle monnaie. Il pourrait aussi tout à fait légalement re-libeller sa dette publique, y compris les titres détenus par des étrangers.

La dette privée détenue à l'extérieur du pays - et ses dérivés comme les swaps sur défaillance de crédit (CDS) - poserait des questions plus délicates, sans aucune certitude juridique quant aux résultats (7). Résoudre ces questions pourrait prendre beaucoup de temps et s'avérer fort couteux, avec d'énormes contentieux juridiques impliquant de multiples conflits de droit fort complexes (8).

Nul ne peut nier que les conséquences financières du retrait d'un pays déficitaire seraient pour certains on ne peut plus fâcheuses. Mais il faut tenir compte de ce que l'aboutissement d'un tel processus (9]), quel qu'en soit le coùt, vaudrait sans doute beaucoup mieux que ce que coûterait en définitive une « dévaluation interne » acquise au terme d'un long processus catastrophique de déflation domestique impliquant un très grand nombre de faillites.

Bien entendu, s'ils ont le moindre soupçon qu'un pays à déficit de la balance courante envisage de se retirer, les investisseurs risquent de fuir illico presto et de drainer vers l'extérieur les ressources de son système bancaire. Ce qui créera un énorme problème à la BCE.

Cela, bien sûr, ne ferait que reproduire, au sein de l'union monétaire, la crise de changes à l'ancienne, classique dans un système de taux de change « fixes mais ajustables » tel que le Système monétaure européen (SME) des années quatre vingt dix. Une telle situation peut faire « boule de neige » très, très rapidement. A moins que la BCE ne soit disposée à faire ce que la Bundesbank était prête à faire pour certains pays, mais pas pour d'autres, au sein du SME : non seulement leur ouvrir des lignes de crédit, mais aussi altérer sa politique de taux d'intérêt à leur bénéfice. A défaut, la solution ne peut être que le retrait de la zone euro, si pénible cela soit-il, et même si cela implique des contrôles des changes draconiens, ainsi que de graves perturbations financières avant et pendant la transition.

Se pose alors une autre question : un pays qui se retirerait de l'euro pourrait-il survivre sans que la BCE lui accorde un soutien de liquidités en euros, étant donné que son industrie bancaire risque d'avoir besoin d'un financement continu dans cette monnaie ?

Répondre à cette question n'est pas aisé car pour cela il faudrait d'abord connaître comment sera réglé le problème juridique des dettes re-libellées du secteur privé . En pratique, il n'y a pas de doute que si la BCE refusait ce soutien elle prendrait la responsabilité de provoquer des conséquences très graves.

La BCE sera devant le choix ou bien de laisser les pays à déficit de la balance courante se retirer de l'euro, ou d'accepter de les renflouer, avec toutes les énormes charges que cela comportera ensuite pour l'Allemagne.

Si la BCE décidait d'intervenir pour assurer les besoins en liquidité d'un pays qui se retirerait de la Zone, elle pourrait le faire par le moyen de swaps de devises entre banques centrales. Pourquoi pas ? Agir ainsi pour assurer la liquidité d'un pays qui se serait retiré de l'euro pour dévaluer sa monnaie présenterait finalement pour elle moins de risque que de continuer à soutenir à bout de bras la solvabilité de tous ces systèmes bancaires nationaux qui, eux, resteraient dans l'Union monétaire, mais en état de quasi faillite permanente.

La BCE pourrait-elle prendre sur elle-même de refuser une telle intervention ? Qui pourrait le lui imposer pour bien signifier aux autres qu'un pays ne peut pas quitter l'Union monétaire sans encourir de sanction ? La BCE se devra de réfléchir très soigneusement à cette question pour ne pas prendre le risque de scier la branche sur laquelle elle est assise. Selon les conditions dans lesquelles un retrait pourrait intervenir, c'est l'ensemble de tout le système financier des pays de la zone euro - et même au-delà - qui court le risque de retrouver fragilisé à l'extrême. On peut considérer que même un pays aussi petit que l'Irlande pourrait présenter une « importance systémique » étant donné le rôle des capitaux étrangers dans le financement de ses banques -- en particulier l'engagement des banques et de la finance allemande sur le marché financier de Dublin.

En tout état de cause, qu'un pays se retire de l'union monétaire, ou même envisage seulement l'éventualité d'un tel retrait, les conséquences d'une telle décision seraient désastreuses - même si ce désastre serait de moindre ampleur que ce qui se passerait si le dit pays choisissait de rester dans l'euro sans l'aide d'une dépréciation massive de la monnaie européenne, ou la solution alternative de transferts allemands massifs.

Autrement dit, il faudra bien finir par choisir entre ou bien accepter que certains pays sortent de la zone euro, ou alors les renflouer, avec toutes les énormes charges que cela entraînera pour l'Allemagne.   

8 - AUTRE SOLUTION : SE POURRAIT-IL QUE CE SOIT L'ALLEMAGNE QUI SORTE DE L'EURO ?

  Y a-t-il une autre option ? Se pourrait-il que ce soit l'Allemagne et les pays qui lui sont le plus liés qui décident eux-mêmes de sortir de l'euro ? En termes purement économiques, ce serait sans aucun doute la moins mauvaise de toutes les solutions, étant donné que la meilleure possible – que l'union monétaire n'ait jamais vu le jour – n'est, par définition, plus à notre portée.

Dans un tel cas de figure, nul doute que l'euro (croupion) se déprécierait contre le nouveau DM. Mais l'euro ne se déprécierait pas contre lui-même. Donc le problème potentiel d'un alourdissement de la charge de la dette des pays déficitaires ne se poserait pas, et ne nécessiterait pas d'être porté devant les tribunaux. De même, pas de problème de liquidité pour les paiements en euros.

Les établissements financiers allemands qui auraient investi des sommes importantes dans la dette des pays à déficit de la balance courante y laisseraient certainement des plumes (10]). Ce serait dommage pour eux, mais en même temps c'est un problème qui resterait gérable, tant sur le plan économique que et financier. De toute façon rester dans un zone euro non réformée risquerait de leur coùter infiniment plus cher, et de leur faire infiniment plus mal, puisque cela ne pourrait se terminer que par la faillite généralisée des pays en déficit. Mais il est vrai qu'il s'agit là d'un raisonnement difficile à faire comprendre aux allemands, compte tenu des idées fausses qu'ils continuent de nourrir s'agissant de l'union monétaire.

Si l'Allemagne sortait de l'euro, les exportateurs allemands y perdraient aussi beaucoup. Mais, comme pour les institutions financières, rester dans une zone non réformée risquerait de leur coùter, au final, infiniment plus cher du fait du processus cumulatif de dépression et de déflation qui finirait inévitablement par s'installer dans les pays déficitaires. Leur compétitivité finirait par s'améliorer, mais au prix d'un effondrement catastrophique de leurs marchés intérieurs qui représentent autant de marchés à l'exportation pour les industriels allemands. Mais, là encore, étant donné les idées fausses qui règnent en Allemagne, il s'agit de quelque chose qu'il est sans doute difficile de leur faire comprendre.

Enfin, les ambitions géopolitiques de la classe dirigeante allemande seraient également perdantes. La France traînerait sans doute les pieds pour adhérer à une nouvelle union monétaire où ne figureraient que l'Allemagne et ses séides (11).

De même, maintenir la zone euro en son état actuel, sans y toucher, porterait un coup encore plus dévastateur aux ambitions géopolitiques de « l'Union européenne» du fait de l'effondrement économique, financier, social et politique qui s'en suivrait. Malheureusement c'est encore quelque chose d'impossible à faire comprendre aux classes dirigeantes allemandes .

Ainsi, que l'Allemagne sorte elle-même de l'euro serait en fin de compte certainement la moins mauvaise de toutes les solutions qui puissent être adoptées.  

9 - ALORS, QUE VA-T-IL SE PASSER ?

  Malheureusement, dans toute la zone euro les carrières personnelles et les ambitions de la classe politique sont complètement liées à « l'Europe » et à son incarnation la plus visible, l'Union monétaire.

Au nom de « l'Europe », les politiciens des pays déficitaires, comme ceux des pays en excédents, sont prêts à laisser infliger presque toutes les souffrances possibles et imaginables à leurs populations. Ce n'est évidemment pas ainsi qu'ils voient les choses. Ils sont aveugles aux coûts qui risquent de résulter de l'Union monétaire. Et ils sont prêts à tout faire pour en maintenir ensemble les morceaux.

La difficulté est que les mesures palliatives envisagées ne peuvent résoudre aucun des problèmes causés par l'Union monétaire. La BCE joue bien sûr son rôle de bouche-trou. Elle soutient effectivement les secteurs bancaires de pays comme l'Irlande et l'Espagne. Mais l'agitation très évidente de Trichet quand on l'interroge sur ce type de sujet donne carrément l'impression que la BCE ne prendra jamais aucun initiative sans bénéficier au préalable du blanc seing d'une décision politique. La BCE peut intervenir pour racheter des obligations privées, ou même des obligations d'état. Mais alors se pose la question politique particulièrement sensible de savoir quelles obligations, de quels états ?

L'Allemagne peut consentir des prêts bilatéraux. Mais il apparaît clairement que, pour plusieurs raisons,elle tient autant que possible à garder hors du jeu les institutions officielles de l'Union.

Premièrement, elle veut éviter une violation formelle de l'interdiction de renflouer les Etats, qui fait partie du traité de Maastricht.

Deuxièmement, elle espère que, en conservant aux prêts un caractère bilatéral et intergouvernemental plutôt que de porter l'affaire au niveau de la zone euro, ou à celui, pré-fédéral, de l'UE, elle n'ouvrira pas trop largement la porte à cette unification formelle de l'endettement dont le public allemand craint toujours, avec raison, qu'elle ne soit un corollaire inéluctable de l'union monétaire.

Troisièmement, en procédant par prêts bilatéraux elle espère imposer ses propres conditions - comme une sorte de FMI unilatéral – à partir de ses propres idées fausses sur ce qu'il faudrait faire pour réussir l'« ajustement » des pays en déficit, à la manière dont elle a procédé vis à vis de la France, en 1981 et 1983, au grand dam de Jacques Delors.

Ces considérations ne vont pas de soi, ni du point de vue économique, ni du point de vue politique.

Politiquement, le vieux (et d'après moi faux) dilemme du choix entre une Allemagne européenne et une Europe allemande reviendrait bien vite sur le devant de la scène. En termes économiques, chercher à renflouer un pays par des prêts bilatéraux ne sert à rien. Les commentaires de l'économiste britannique Ralph Hawtrey , en 1962, sur le projet d'élargir le rôle du FMI en tant qu'apporteur de liquidités, restent parfaitement d'actualité. A l'époque, il écrivait :

« On ne devrait s'en remettre à une réserve que pour couvrir des déficits de la balance des paiements qui sont temporaire -, c'est-à-dire que l'on doit à des dépenses excessives auxquelles on pourrait mettre fin par une restriction appropriée de la demande. En revanche, la liquidité n'est pas une solution pour résoudre un problème résultant d'une faiblesse chronique que l'on devrait à la surévaluation d'une unité monétaire... S'en remettre à un surcroît de liquidité dans une situation de déséquilibre fondamental, c'est tenter d'écoper plutôt que de colmater la voie d'eau. »(18).

Il est de fait qu'aux conditions allemandes - contraction budgétaire et compression des salaires -, une politique de prêts bilatéraux ne ferait qu'aggraver les choses.

Toutefois, les marchés partagent aussi certaines des idées fausses que les hommes politiques nourrissent sur l'Union monétaire. Il est certain qu'ils commenceraient par accueillir avec enthousiasme un plan de sauvetage sous forme de prêts, qu'ils soient bilatéraux ou qu'ils passent par les institutions de l'UE. Les écarts de taux pourraient d'abord s'en trouver réduits. Un tel resserrement des écarts devrait se traduire par un renforcement initial de l'euro. Mais il ne faut pas se leurrer. Cela ne réglera en rien les problèmes sous-jacents. Ceux-ci ne pourront qu'empirer. Il n'y a pas d'achappatoire. Les seules solutions viables sont la sortie de l'Euroland, une dépréciation massive de l'euro, ou des transferts gigantesques en provenance d'Allemagne.

La classe politique européen n'acceptera pas la solution de la sortie. Le public allemand, s'il a jamais son mot à dire, n'acceptera pas de voir l'euro s'effondrer, et ne donnera jamais son feu vert à des transferts financiers massifs vers les pays déficitaires. On les comprend.

En conséquence, il apparaît bien - hypothèse terrifiante - que les pays déficitaires vont en définitive se retrouver poussés à la limite de l'effondrement économique financier, social et politique.

Risquent-ils d'être poussés au-delà de cette limite ? Si c'est le cas, n'est-ce pas tout l'ordre l'ordre européen (occidental) d'après-guerre qui risque de s'effondrer ? Celui d'une paix, d'une légitimité démocratique et d'une stabilité sociale garanties par l'Alliance Atlantique (l'OTAN).

De telles perspectives sont presque trop terrifiantes pour qu'on accepte même de les envisager. Les réponses, nous ne les connaissons pas. Mais comme l'ensemble du monde est déjà dans le pire des pétrins, il n'est pas interdit de nourrir de noirs pressentiments sur la manière dont cette catastrophe qu'est l'Union monétaire risque de tout aggraver. La tentation est forte de s'enfoncer la tête dans le sable. Il y a trop de malentendus et d'ignorance s'agissant de l'Union monétaire. Cette ignorance ne continuera pas à nous porter bonheur pendant encore bien longtemps. Trait_html_691a601b.jpg




NOTES

  1 La demande italienne est déjà déprimée par la morosité quant aux perspectives du pays. Lorsque le ralentissement prévu de la production et des revenus se matérialisera, en conséquence des problèmes sociaux, économiques et politiques structurels de ce pays, le déficit courant se creusera.

(2) Cf. "Adjustment in Monetary Union and German inflation: A Disaster Story", by Melissa Jordan, Banque AIG Market Research note, 14 août 2008.

(3] Une hausse des prix de 70% en Allemagne peut paraître peu plausible. Mais c'est là le calcul de l'impact sur l'Allemagne d'une dépréciation de l'euro nécessaire pour créer une amélioration instantanée suffisante de la compétitivité des pays à déficit de la balance courante. A l'évidence, une hausse des prix en Allemagne accroîtrait encore davantage la compétitivité des pays à déficit de la balance courante : la dépréciation de l'euro améliorerait instantanément la compétitivité des pays à déficit de la balance courante en dehors de la zone euro, puis la hausse des prix en Allemagne (et dans d'autres pays de la zone Euro qui n'ont pas de déficit de la balance courante) réaliserait une amélioration progressive de la compétitivité au sein de la zone euro. Alors la compétitivité des pays à déficit de la balance courante dépasserait l'objectif, ce qui produirait surchauffe et inflation dans les pays déficitaires aussi bien qu'en Allemagne. Il faudrait alors que l'euro revienne sur une partie de sa baisse initiale, pour maîtriser l'inflation dans les pays à déficit de la balance courante. Si on ne tient pas compte de l'éventualité de changements structurels ou politiques irréversibles au cours du processus, le système finirait par converger vers une dépréciation de l'euro - et un effet sur le niveau allemand des prix - plus faibles que les calculs ne le laissent entendre. Cependant, ce chemin-là ne serait pas monotone : il y aurait une instabilité considérable de la production, des prix et du chômage dans la zone euro.

(4] Tout cela était parfaitement prévisible pour tous ceux qui ont compris l'union monétaire et ses antécédents. Par exemple, en septembre 1997 j'avais écrit (dans "Eternal Parities", World Market Advisory de AIG Trading Group), que la seule raison pour calculer des règles de Taylor dans la zone euro, entreprise à laquelle s'affairaient des armées d'économistes, serait de se rendre compte à quel point la BCE fixerait effectivement son taux refi (lequel serait sans aucun doute le très faible taux allemand) au-dessous d'un taux approprié pour l'ensemble de la zone et, partant, quelle serait la faiblesse de l'euro.

(5] Ce n'est pas un hasard si ce sont les pays qui ont la plus longue tradition démocratique - la Grande-Bretagne, la Suède, le Danemark et, en dehors de l'UE, la Norvège et la Suisse – qui ne font pas partie de la zone euro, si désireuses de la rejoindre que soient leurs élites politiques.

(6] La Convention de Vienne sur le droit des traités permet à un État de dénoncer un traité auquel il est partie si les dispositions de ce traité sont incompatibles avec la raison d'être même de cet État; or l'union monétaire représente pour certains état de l'Union européenne un danger de faillite clair et imminent. En tout cas, l'union monétaire est incompatible avec les objectifs de l'UE, tels qu'ils ont été proclamés, en sorte qu'un Etat pourrait abandonner l'Union monétaire sans devoir pour autant dénoncer le traité de l'UE dans son ensemble.

(7] Voir, par exemple la dernière édition, par Charles Procter, du manuel classique, Mann on the Legal Aspect of Money, pour un avis, quoique - selon moi - certainement pas définitif, sur cette question au regard du droit anglais. C'est important parce que la plupart des CDS concernés sont probablement rédigés selon ce droit-là.

(8] Il y a un hic en ce que les Swaps sur défaillance de crédit (CDS) peuvent être re-libellés dans une "monnaie autorisée" – celle d'un membre du G7 ou d'un pays noté triple-A sans que cela passe pour un défaut de paiement. L'Irlande vient de perdre sa cote triple-A auprès d'une agence de notation, et semble bien risquer de le perdre auprès des autres dans un avenir prévisible. Cela pourrait aussi être le cas de l'Espagne. Il faut nous attendre à ce que la relation soit faussée entre les écarts sur les CDS (car, en l'état actuel, leur rentabilité ne seraient plus assurée en cas de redéfinition et de dévaluation) et les écarts de taux sur les obligations (lesquels, pour leur part, traduisent implicitement le risque de change ainsi que le risque de défaut), à mesure que cette éventualité se rapproche.

(9] Processus qui pourrait impliquer la conversion asymétrique des actifs et des passifs du secteur bancaire, avec d'importantes conséquences redistributives et donc politiques.

(10] … au lieu de ne subir qu'une perte potentielle dans le cas du retrait des pays à déficit de la balance courante.

(11] Pour un parallèle fascinant, voir dans Rotten Heart of Europe mon compte rendu de la crise du SME en août 1993.

(12] Sir Ralph Hawtrey, "Too Little Liquidity – Or Too Much?", The Banker, Vol. CXII, novembre 1962, pp. 711-712. Trait_html_691a601b.jpg

L'original de ce texte, en anglais, a été reproduit sur le site Gavekal.com en date du 7 avril 2009. La date de rédaction du texte n'est pas précisée.

Dans l'introduction à cette note, Bernard Connolly est présenté comme l'un des analystes de marché les plus compétents, à qui son histoire personnelle offre une perspective historique presque unique sur les machinations politiques qui sous-tendent le grand projet européen.

Avant de rejoindre le secteur privé, Bernard Connolly avait été Chef du Bureau des affaires monétaires à la Commission européenne, dont il a été sommairement congédié après avoir publié "The Rotten Heart of Europe".

Après son départ de Bruxelles, en 1997, et jusqu'à la fin de l'année 2008, Bernard Connally était chargé de la stratégie global à la banque AIG. Depuis, il a lancé sa propre entreprise de recherche indépendante, Connally Global Advisors.




Commentaires

1. Le lundi 15 mars 2010, 20:56 par Drieu

Chargé de la stratégie globale à la banque AIG de 1997 à 2008 ? Un orfèvre !
2. Le mardi 16 mars 2010, 13:54 par TARTAR

Il y avait aussi des "pointures" chez Arthur Andersen..
Je note que certains "économistes" sont passés d'utopistes positifs à pessimistes réalistes depuis quelque temps...vestes réversibles sans doute.
....Le jeudi 25 mars 2010, 18:17 par saville _raw

Les derniers remaniements ministériels, s'ils ont fait somme toute peu de bruit dans les médias m'inspirent les réflexions et l'analogisme historique suivant.

François Baroin, héritier plénipotentiaire du Grand-Orient a été nommé au budget ; la Franc-maçonneries et ceux qui la constituent savent donc avec certitude désormais qu'ils ont les clefs de la cave et risquent d'être fort occupés dans les années à venir à sortir toutes les bonnes bouteilles et à boire jusqu'à plus soif ; ce faisant, endormis par l'ivresse du pouvoir que donne l'argent facile, l'intelligentsia nobiliaire constitué d'hommes et femmes lettrés seront trop occupés à défendre leurs places au soleil pour se donner les moyens de réagir et d'avoir une vue d'ensemble sur la France.

Eric Woerth quant à lui est un comptable. Il va appliquer les recettes qu'il connait au ministère du travail et donc de ce fait, désespérer Billancourt. Avec certitude, on peut attendre l'ensemble des fonctionnaires dans les rues à la minute où l'on touche au régime des retraites ce qui sera fait donc d'ici à septembre 2010, l'ensemble des institutions françaises fonctionneront sur trois pattes avec les répercussions économiques en chaine que l'on connait.

Sont touchés à ce stade, la « noblesse » qu'elle soit Francs maçonnes ou non dans la mesure ou, nommer Baroin au budget est en quelque sorte une affirmation de préférence donnée par le pouvoir exécutif. Le peuple sera être touché, directement mais personne ne réagira dans les hautes instances puisque ivre mort.

Nicolas Sarkozy sait que, dans l'état de la France d'aujourd'hui, il ne saurait être réélu. En fin politique, il a d'abord obtenu ce qu'il désirait, le vote des français, par la séduction.
Les récents désaveux des régionales, les attaques personnelles qui transpercent, la montée des verts s'alliant à la gauche, un tout qui fait que le Président actuel sait avec certitude qu'il ne pourra obtenir sa réélection par la séduction cette prochaine fois. Or cet homme ne comprend la vie qu'en incessant rapports de force. Ce qu'il ne peut obtenir par la douceur, il choisit, aujourd'hui, de l'obtenir par la force et il prépare son terrain.

Nicolas Sarkozy sait que sa plus grande force est de se positionner en homme d'action et il prépare son terrain de jeu : La France.
Un grand pays pour un si petit homme me direz-vous ? Peut être plus si grand quand il en aura fini.

Eric Woerth va mettre tous les fonctionnaires dans la rue d'ici six mois ; aucun contre pouvoir n'interviendra, ils ont été achetés ; la bourgeoisie, elle n'existe plus ou prou.
On assiste, ni plus ni moins à un hold-up. Ce petit homme est en train de, volontairement, poussée la France dans le vide afin d'être appelé à la rescousse.
Tout est écrit et je me prends à avoir peur…

Bonnet blanc ? DSK

http://blog.turgot.org/index.php?post/Connolly


Zone euro : l'analyse qui donne froid dans le dos

Par Institut Turgot le dimanche 14 mars 2010, 17:01 - Notes de synthèse - Lien permanent



100 PER CENT MONEY,.. if not, we starve!...Permanent AND JUST money system

It's Time You Knew. 


   In particular on page 86 the quote by Robert H. Hemphill from the Federal Reserve Bank of Atlanta.
 
"This noted American financial autority states:

 "In 1929 the collapse of the inflated stock market frightened all commercial banks of this country ( U.S.), Canada, and Europe into collecting every loan that could be collected by any means at their disposal, regardless of the consequences to society, instituting the most drastic and ruthless campaign of disastrous amd uncontrolled liquidation our productive and distributive system has ever been subjected to."
   " This tragic and unnessary depression, with its untold suffering - its uncomputed and staggering losses - is the natural and inevitable result.  There were no other contributing factors. Every depression we have ever known has been due to this cause, the contraction of credit....."

   Writing the forward of Irving Fisher's book 100 PER CENT MONEY, he further states, " If all bank loans were paid, no one would have a bank deposit and there would not be a dollar of currency or coin in circulation. This is a staggering thought. We are completely dependent on the commercial banks.  Someone has to borrow every dollar we have in circulation, cash or credit.

IF THE BANKS CREATE AMPLE SYNTHETIC MONEY, we are prosperous; if not, we starve!

We are absolutely without a permanent money system. 

When one gets a complete grasp of the picture, the tragic absurdity of our hopeless position is almost incredible -- but there it is. 

It ( the banking problem ) is the most important subject intelligent persons can investigate and reflect upon.
 

It is so important that our present civilization may collapse unless it is widely understood and the defects remedied very soon."

  There are many other valuable quotes, many with sources documented.

Kennedy John F. - Photo XL - John F. Kennedy

"The presidential office has been used to establish a conspiracy to destroy the freedom of the American people, and before leaving this office, I must inform the citizens of this critical condition."

Kennedy just 10 days before he was killed. University of Columbia, 12th Nov. 1963.

True reasons of JFK murder.

Sure they are plots, see Kennedy or Ferrayé

Please, click below.


JFK SPEACH ON SECRET SOCIETIES

John F. Kennedy Speech. 01:35

Monetary and subprime crisis as bad results

John F. Kennedy with wife Jacqueline and children, 1962

Plus lies about CO2 http://video.google.fr/videoplay?docid=-4123082535546754758

Abraham Lincoln and John F. Kennedy. Melvin Sickler

How was Johnson ?


http://www.youtube.com/watch?v=fRZSzdQuOqM&feature=related

Who is behind ?

The History of Banking Control in the United States. A. Pilote

Social Credit in the United States in 1932. A. Pilote

The Federal Reserve debunked (Patman, McFadden)

The corrupt Federal Reserve Corporation. Melvin Sickler

World government, terrorism, microchip

The Bilderberg Club: a secret society of the richest people. Daniel Estulin

A human implanted with microchips, identification cards in the making. M. Sickler

Australia's loss of sovereignty to globalism. Pierre Marchildon

Polish farmers fear liquidation by the European Union

You won't be able to buy nor sell catlle if they are not identified with a chip

The 9-11 attack: a second Pearl Harbor?

Why I am opposed to a One-World Government, by Michael Rivero

On the road to a world government

A history of the New World Order — Part I

A history of the New World Order — Part II

Reflections on the war in Iraq. Alain Pilote

Microchip update

In the news, August 2003

Encyclical Letter of Pope Leo XIII on Freemasonry


http://www.dailymotion.com/jamesandre/illuminati/video/x3bdoe_illuminati-1b

Kennedy John F. - Photo XL - John F. Kennedy

documents CIA

Mémorial Wall NSA


jeudi 1 avril 2010

La dette publique: 83,2% du PIB en 2010, sic.

Le déficit et la dette de la France explosent

Sous l'effet de la crise et du plan de relance, le déficit public de la France a explosé à 7,5% du produit intérieur brut (PIB) en 2009, tandis que la dette a bondi à 77,6% du PIB, des records historiques qui devraient encore être battus cette année.

Selon des résultats provisoires publiés par l'Intitut national des statistiques et des études économiques (Insee), le déficit public (Etat, comptes sociaux et collectivités locales) aura certes augmenté légèrement moins que prévu par le gouvernement, qui tablait jusqu'à présent sur 7,9% du PIB, mais il est tout de même passé de 3,3% des richesses produites en France en 2008 à 7,5% l'an dernier, pour atteindre 144,8 milliards d'euros. Et il devrait encore augmenter cette année pour s'établir à 8,2% du PIB.

La dette publique, quant à elle, a bondi à 1.489 milliards d'euros. Après 67,5% du PIB en 2008, elle continuerait de s'envoler à 83,2% en 2010 puis jusqu'à 87,1% en 2012, avant de commencer à refluer lentement. La limite fixée par les traités européens en la matière est de 60% du PIB.


Les vraies causes: 

http://desiebenthal.blogspot.com/2009/05/la-crise-va-saggraver.html

Audience très importante 19 avril à Lausanne. La Justice vaudoise cherche-t-elle la vérité ?


Après plus d'une année, une nouvelle audience a enfin été agendée dans le
procès conduit contre l'État notamment par M. Denis Erni.

La Justice vaudoise cherche-t-elle la vérité ?

Cette audience est très importante et la présence du public aussi.
J'apprécierai énormément si le maximum de personnes pouvaient se libérer le 19 pour assister à
cette audience.
Des informations complémentaires suivront.

Il y aura trois juges, des témoignages et ils devront statuer sur notamment les
agissements du "Juge"  Sauterel.

Merci de faire circuler.

http://ferraye.blogspot.com/2009/02/neuchatel-rappelle-enfin-lordre-les.html

http://desiebenthal.blogspot.com/2009/01/suisse-une-dictature-sournoise.html